Je crois que le genre ne peut évoluer qu'en même temps que la société qu'il décrit.
Quais du polar a pour credo d'élargir le champ du polar : on y trouve des figures du roman noir et du polar, des hommages aux grands maîtres, mais aussi des auteurs de thriller populaire comme Jean-Christophe Grangé ou Douglas Kennedy. Que pensez-vous de cette ouverture et de ce mélange des genres ?
C'est salutaire. D'ailleurs ce qui menace le polar en tant que genre, c'est qu'il est rattrapé par le reste de la littérature de fiction qui utilise des thèmes et des sujets qu'ils étaient autrefois seul à utiliser. Le thriller en tant que genre, ça ne signifie pas grand-chose. Tout ce qui vous fait frémir est un thriller. Pourquoi pas Grangé, s'il y en a que ça fait frémir ? A mon sens un bon thriller est aussi un bon polar et un bon roman tout court.
Que pensez-vous de l'ouverture du roman noir et du polar vers la science-fiction, le fantastique, l'ésotérisme ?
Rien. La littérature évolue, je le constate et je m'en réjouis car seuls les morts n'évoluent plus.
Les séries télévisées policières (The Shield, les Experts...) sont de plus en plus populaires. Pensez-vous qu'elles suscitent par ricochet un engouement pour la littérature policière ?
Non. Je crois qu'elles renvoient vers le cinéma qu'elles contribuent notoirement à renforcer. Wired est un très grand film de télé, mais je ne suis pas sûr qu'il fasse lire les bouquins de Pelecanos ou de Richard Price.
Devenu divertissement familial, le polar est-il encore une contre-culture à dimension politique ?
Il n'y a pas le moindre rapport entre Wired et Navarro. D'autre part, je ne vois pas ce qui différencie un bon divertissement familial d'un bon objet politique. Par ailleurs, je ne crois pas que le polar dans son ensemble ait jamais été une contre-culture. En matière de littérature, il y a longtemps que la contre-culture est morte.
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