Mardi, le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO se réunissait à Paris pour observer la candidature communes des sites Le Corbusier, dont celle du couvent d'Eveux près de Lyon. Mais après la démission de l'ambassadrice française, Rama Yade, les porteurs du projet ont décidé d'eux-mêmes de reporter la candidature, montrant du doigt le manque de mobilisation gouvernementale sur ce dossier.
Tous les espoirs étaient permis. Après une première déception en 2009 à Séville, les sites Le Corbusier avaient eu deux ans pour perfectionner leurs dossiers de candidature et les rendre plus conformes d'un point de vue technique et scientifique; cette année, la 35e session du Comité du patrimoine mondial à Paris devait être la bonne du 19 au 29 juin.
Mais au dernier moment, c'est le volet politique du dossier qui a pêché. La démission de l'ambassadrice française auprès de l'organisation des Nations-Unies pour l'éducation, la science et la culture, Rama Yade, présentée le 15 juin au ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a entraîné le dossier a sa perte, estime Maurice Vincent, maire et Président de l'agglomération de Saint-Etienne : "L'image déplorable donnée par la démission, pour des raisons purement politiciennes, de notre future ex-ambassadrice quelques jours avant la décision a inévitablement défavorisé les dossiers français dont elle avait la responsabilité"».
Marc Petit, maire de Firminy et président de l'association françaises des sites Le Corbusier, pointe plutôt le manque de "cohésion de l’ensemble des pays porteurs de la proposition" (Allemagne, Argentine, Belgique, France, Japon et Suisse). Leur cohésion aurait dû être "mieux assumée" selon lui. Et c'était bien là toute la difficulté de cette candidature commune qui englobe 19 monuments situées dans 18 villes d'Europe.
Il est incompréhensible selon Marc Petit que "cette proposition d’inscription n’ait été soumise, à aucun moment, au vote des 21 pays composant le Comité du Patrimoine Mondial". Plusieurs dossiers de candidature de biens naturels et(ou) culturels ayant été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial grâce au travail diplomatique des pays qui présentaient ces dossiers auprès des ambassadeurs des autres pays concernés. « Je regrette vivement que ce travail en faveur de l’inscription de notre dossier n’ait pas été réalisé ».
A Eveux, près de Lyon, Catherine Charlaix, représentante de la communauté de commune du pays de l'Arbresle qui abrite le couvent Sainte-Marie-de-la-Tourette construit en 1953 par Le Corbusier, s'étonne du manque de mobilisation gouvernementale sur ce dossier, "alors même que le 9 mai, en réunion à Paris, le ministre de la culture, François Mitterrand avait paru très motivé". Elle déplore que la somme de travail réalisée n'ait pas été suivi d'effets. Tout le monde ici a véritablement essayé de s'impliquer et de se motiver tant au niveau des communes que de l'intercommunalité. Il y a eu beaucoup de boulot de fait".
Tous les acteurs, Ligériens et Rhodaniens, indiquent cependant qu'ils resteront mobilisés en vue de la prochaine candidature à une session du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO. Marc Petit précise : "nous allons maintenant travailler sur les nouvelles préconisations du Comité du Patrimoine Mondial avec nos partenaires, les experts, la Fondation Le Corbusier et les pays".