Ce soir a lieu à la Confluence la 11e édition de la “plouf économie”, sur fond de procès et d’internement psychiatrique.
Il y a 230 ans, jour pour jour, Joseph et Étienne Montgolfier effectuaient leur première ascension en ballon à air chaud (qu’ils appelèrent… “montgolfière”) à Annonay, en Ardèche. Ce mercredi 5 juin 2013, à 20h13 (et ce jusqu’au coucher du soleil, à savoir 21h49 précisément), aura lieu la 11e édition de la “plouf économie”, à la darse de la Confluence. Différence entre les deux événements : le premier fait grimper le rythme cardiaque, le second ne provoque ni stress ni inquiétude. Car l’objectif de la plouf économie réside précisément dans le fait d’avoir le moins d’objectifs possible.
Chaque année, à date et heure déterminées, la manifestation publique ploufique incontournable consiste en un acte GGP : gratuit, généreux et poétique. Celui de lancer ou de laisser tomber un caillou dans l’eau d’une rivière, d’un fleuve, d’un lac, d’un étang, d’une mer, d’un océan ou d’une fontaine. Ou même, chez soi, dans une baignoire, un lavabo, une bassine. “Lancer un caillou dans l’eau, c’est un lien avec l’enfance, un retour dans le passé, explique l’artiste lyonnais Philippe Moncorgé, créateur de la plouf économie. Lancer un caillou dans l’eau, c’est également une projection dans l’avenir. L’écho en est la vague. En réalité, je crois que c’est le constat de l’instant présent.” Cette année, les ploufeurs devront venir avec leurs cailloux.
Lâcher prise
Si les principaux indices boursiers mondiaux fluctuent en fonction des valeurs des titres des sociétés cotées, l’indice ploufique est stable et tranquille. “La plouf économie est par conséquent une économie qui pourrait être référentielle et sur laquelle le CAC 40, le Nasdaq, le Nikkei et les autres indices boursiers mondiaux pourraient se référencer, proclame Philippe Moncorgé. Il s’agit bien d’une économie car, comme le dit le Petit Larousse, il y a bel et bien une production de richesses. En l’occurrence, la production de la plouf économie consiste en des bruits de plouf, des vagues et souvent des sourires et des cris de joie*.”
De l’“artomisme” au tribunal correctionnel
Cette année, le rendez-vous artistique aura une saveur certainement particulière puisque l’artiste Philippe Moncorgé passe devant le tribunal correctionnel le 14 juin prochain. Cette convocation fait suite à son précédent passage devant un juge, le 25 septembre, à la barre du tribunal de commerce et dans le cadre de son placement en redressement judiciaire. Il avait alors provoqué la panique avec une “performance artistique nucléaire”, en brisant un de ses tableaux recouverts d’autunite, un minéral naturel d’uranium faiblement radioactif. “C’est l’artomisme, précise Philippe Moncorgé, un mouvement artistique non sensible et invisible, comme la radioactivité. C’est dans la continuité du ploufisme. Ce n’est ni terroriste ni déjanté.” Et de citer Alfred de Musset : “Je suis venu trop tard, dans un siècle trop vieux.” Le 14 juin, l’artiste lyonnais risque l’internement psychiatrique.
* L'intégralité de l’interview de Philippe Moncorgé est à retrouver ici.
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Voir aussi : Vous êtes tous geek reçoit Philippe Moncorgé, artiste expert en échec.
Pour en savoir plus sur la plouf économie, suivre ce lien.