Dans le cadre de leurs “Livraisons d’été”, les Subsistances nous proposent de découvrir le travail de jeunes danseurs qui ont créé à Lyon un collectif original alliant corps dansé et abstraction pour une poétique des corps.
Ils sont trois – Marie Goudot, Julien Monty et Michaël Poméro – à avoir créé à Lyon en 2005 le collectif Loge 22, une sorte de laboratoire, avec l’objectif de mener leurs propres expérimentations en matière de mouvement et d’écriture chorégraphique. Leur démarche est originale, car ils sont dans le même temps interprètes chez la Belge Anne-Teresa de Keersmaeker sans intention de la quitter et sans désir non plus de prendre le statut de chorégraphes.
Formés au Conservatoire ou chez Béjart, ce sont des danseurs de haut niveau, capables de produire une danse puissante, virtuose et incarnée. Ils semblent pourtant avoir pris le chemin d’une danse différente, qui se dégage de toute narration ou de la danse-théâtre. Creuser à l’intérieur du mouvement pour qu’il n’ait pas de justification à être et qu’il retrouve toute sa place sur scène, expérimenter le corps à travers l’espace et le temps pour que les sensations et les émotions s’expriment : tels sont les fondements de leur recherche.
Ambiguïté de la douceur et des corps oppressés
Julien Monty et Michaël Poméro présentent Comme étant de l’émiettement, un duo qu’ils qualifient de paysages de l’humain en mouvement et qu’ils ont élaboré, comme ils le font régulièrement, à partir d’une contrainte scénique. Ici, le travail s’est fait avec une structure, un cadre en bois de 3 mètres sur 3 tenu par des cordes en chanvre, rendant impossible le développement du corps dans sa totalité, ce qui induit l’exploration d’un nouveau vocabulaire. Les manipulations effectuées par les danseurs permettent d’avoir un sentiment d’écrasement, avec en même temps des lignes qui partent du plafond, dessinant une pyramide inversée vers le haut. Il s’agit aussi d’un duo qui fait état du rapport entre deux hommes, deux êtres qui s’accompagnent.
Côté énergie et qualité de mouvement, les deux complices jouent sur l’ambiguïté de la douceur et des corps oppressés, des moments qui basculent au sol avec des choses lentes et des mouvements plus importants, ronds, fluides avec en contrepoint les angles de la structure. “On est, disent-ils, dans une sorte d’épure, dans la monstration de la pudeur. La scène est dépouillée, il n’y a rien qui bouge à part nous et notre insistance à être là. Le spectaculaire est peu présent dans ce qu’on fait, on se met le plus sincèrement dans la position artistique qu’on veut présenter, on est dans la nécessité. Notre désir est vraiment d’aller dans le sens de la perception du spectateur, identique à ce qu’il ressentirait face à la poésie.”
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Comme étant de l’émiettement, de et avec Julien Monty et Michaël Poméro. Jeudi 27 à 22h15, vendredi 28 à 19h30 et samedi 29 juin à 23h30, aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent, Lyon 1er.