Britannique. 1h59
Quand Ian Curtis, chanteur de Joy Division, se pendit dans son salon en 1980, à l'âge de 23 ans, le panthéon des maudits du rock l'adopta comme prophète.
D'où l'impatience qui précède Control, d'Anton Corbijn, prince de la photo rock et grand clippeur new-wave. Le même Corbijn qui réalisera en 1988 un clip d'Atmosphere, lors de la réédition du single en Angleterre. De quoi donc perpétuer le mythe, dans le noir et blanc charbonneux cher au réalisateur. A ceci près que Control décrit moins le destin programmé et romantique d'un supplicié du rock, que la vie d'un frêle employé de l'ANPE de Manchester, trompant son ennui dans la musique. Un jeune homme, incarné avec intensité par Sam Riley, que la vie empêche malheureusement de prendre le contrôle de lui-même. De son corps d'abord, sujet aux violentes secousses de crises d'épilepsie répétées, de son cœur ensuite, déchiré par l'amour de deux femmes (Debbie, épousée à 19 ans, et Annick, sa maîtresse). Jusqu'à cette ultime tentative de reprendre ce contrôle, qui donne son titre au film, en mettant fin à ses jours. Et par là, la destinée de Joy Division, alors en passe d'être happé par un succès que le décès de Curtis tuera dans l'œuf.