Le Mini-Market 7/7 du cours de Verdun est investi régulièrement par de jeunes artistes. “Quelqu’un d’autre t’aimera”, nous promettent-ils dans le cadre de la Biennale d’art contemporain 2019.
Initiative énergique et audacieuse née en 2017 qui réjouira oiseaux de nuit, bourreaux de travail et autres noctambules amateurs d’art et de junk food, le projet Mini-Market 7/7 est porté par deux jeunes artistes diplômées des beaux-arts de Lyon, Fanny Lallart et Thily Vossier. Les termes en sont simples : investir, à l’occasion d’expositions régulières, la supérette du 32 cours de Verdun, ouverte sept jours sur sept de midi à 2 heures du matin. Jusqu’au 5 janvier, l’occasion, c’est la Biennale d’art contemporain.
Paic Vaisselle et mues de serpent
Sur fond d’un vaste damier acrylique sur toile, ce qui ressemble d’abord à un joyeux foutoir pourrait tromper l’observateur le plus averti. Statuettes de chien suicidaire, épées de bois d’un style naïf tapissées de papier promotionnel ou sculptures de savon reprenant les cotes des équerres à étagères, côtoient Kub Or, Paic Vaisselle et autres briques de jus d’ananas bon marché. Se jouant des codes et de l’esthétique un peu cheap de l’épicerie de nuit, la vingtaine d’artistes présentée investit la totalité du lieu et expose une sélection d’œuvres en cohérence avec le site. Cartons d’emballage à tête de femme, mues de serpent aux allures d’attrape-mouches, peinture blanche sur ticket à gratter, créature hallucinée en sac de plâtre, lettre suscitant l’interaction avec le tenancier et même gobelet usagé abandonné, les formes sont variées mais le discours concorde. Questionnant le statut d’“artiste contemporain”, le rapport à un contexte d’exposition, de production, inhabituel et la valeur marchande de l’art, chaque élément semble animé de sa propre énergie tout en intégrant parfaitement cet ensemble.
Trophée
Le visiteur est convié à prendre part à cette réflexion, sur un mode ludique et espiègle. Ainsi peut-on s’essayer à soupeser, voire gagner, le Trophée Minimarket d’Alexis Camille Chevallier trônant sur le comptoir, moyennant le fait d’atteindre son poids en courses. Ou encore solliciter le patron pour découvrir une œuvre dissimulée aux regards, The Philanthropist d’Eva Barto. Si l’esthétique peut déplaire, le propos paraître contestable – encore que – et le contexte rebuter, cette exposition et celles qui l’ont précédée ont le mérite d’apporter un souffle nouveau, différent et certainement nécessaire sur la scène de l’art contemporain lyonnais.