Si l'élu se défend d'être intervenu sur le contenu - "ce n'est pas la revue officielle de la Région" assure-t-il -, c'est bien lui qui a eu l'idée de cette revue, conçue comme un lieu de débats intellectuels qui plane à haute altitude (4810m, comme le Mont-Blanc) et puisse "participer à la construction de l'identité rhônalpine". La réalisation a été confiée aux éditions Glénat et le pédagogue Philippe Meirieu assure les fonctions de conseiller éditorial.
Le thème retenu pour ce premier numéro - identité(s) - est judicieux : il trouve de multiples échos dans l'actualité (question du fichage ADN, de l'immigration...) et peut connaître des déclinaisons plus inattendues (dans les mathématiques par exemple). Les contributions des intellectuels (presqu'autant parisiens que rhônalpins) sont de qualité, comme cette analyse des avatars, doubles identitaires qu'on se crée dans le cyberspace des blogs et autres Second life. Mais ce sont de longues analyses parfois très, voire trop pointues. Qui peut vraiment lire sans ciller quatre pages sur les immigrés italiens et arméniens en terre drômoise en 1920 et 1930 ? La maquette, sobre, répond aux codes de graphisme actuels et accorde une place significative à l'illustration, avec notamment un joli portfolio de la photographe Delphine Balley.
La partie consacrée à la culture est plus succincte et extrêmement sélective (6 ou 7 articles et un agenda) au regard de l'incroyable vitalité rhônalpine dans ce domaine.
Au final, on se demande comment cette revue peut, en sus de faire plaisir au président Queyranne, rencontrer le grand public, satisfaire les intellectuels et cultureux rhônalpins et atteindre un point d'équilibre économique. Sans publicité, vendue au prix élevé, voire prohibitif, de 10 euro, la revue est principalement financée par le pré-achat de 2 000 exemplaires par la Région Rhône-Alpes. Une respiration artificielle sans doute indispensable tant l'air se raréfie à haute altitude...
4810, cultures et société en Rhône-Alpes, 10 euro, en kiosques et librairies.