En 2012, la sortie de Blasmusikpop a secoué la vie littéraire autrichienne et allemande. À l’occasion de sa parution en France, Vea Kaiser est invitée à Lyon ce mardi.
Dans son premier roman, Blasmusikpop, une toute jeune femme décrivait la vie quotidienne dans un village reculé des Alpes autrichiennes. Avec un humour cruel, tout bonnement irrésistible, Vea Kaiser croque un microcosme primitif qui use de tous les moyens à sa disposition pour empêcher la civilisation de l’atteindre.
La chronique s’étend sur quelques décennies, des années cinquante à nos jours, et s’appuie sur la destinée d’un grand-père et de son petit-fils. Le premier est médecin, spécialiste du ver solitaire et autres parasites. Le second suit ses traces tout en ambitionnant de rester fidèle à leur modèle commun : Hérodote.
Deux parias chez les “barbares”
Tous deux partagent une dilection à l’endroit des savoirs philosophique et scientifique, qui fera d’eux des parias dans cette contrée où seuls comptent le football en terrain pentu, la bière, l’eau de vie, la nourriture roborative et les croyances en des valeurs ancestrales comme la nécessité de se reproduire avec les seuls membres du village, ou de respecter un catholicisme fruste teinté de paganisme. Leur existence se mêle à celles des “barbares” qui les entourent, dont le petit-fils a décidé de décrire les origines et le peu d’évolution qui les caractérise dans un ouvrage qui vient ponctuer chaque chapitre.
Comparable au Seigneur des porcheries de Tristan Egolf, ce premier roman, remarquablement traduit par Corinna Gepner, bouleverse par sa puissance narrative et sa capacité à faire vivre sous nos yeux des personnages incroyables.