Après avoir incarné pour lui le roi Lear, Dominique Pinon retrouve le metteur en scène Laurent Fréchuret pour un nouveau rôle-titre shakespearien.
“On n’en a jamais fini avec Shakespeare”
“Shakespeare n’en finit pas de capter et d’aspirer l’imaginaire des spectateurs. On n’en a jamais fini avec lui. Il parle de l’humain comme personne et c’est un formidable joueur capable de se glisser dans la peau de tous les différents personnages de la comédie humaine, celle du pouvoir, de l’amour, de la séduction. Il touche aussi bien les étoiles que le fond du caniveau.” C’est ainsi que Laurent Fréchuret, metteur en scène redevenu indépendant après avoir dirigé le théâtre de Sartrouville, évoque le plus mythique des dramaturges du répertoire.
Laurent Fréchuret parle en connaisseur, puisqu’il avait monté un Roi Lear remarqué il y a quelques années. C’est Dominique Pinon, comédien singulier, qui tenait alors ce rôle-titre si bien empoigné par Serge Merlin dans la version récemment encensée (lire ici) de Christian Schiaretti au TNP. L’acteur tant remarqué pour, notamment, ses rôles dans les films de Caro et Jeunet (Delicatessen, La Cité des enfants perdus) avait alors fait part de son grand rêve à son metteur en scène : interpréter Richard III.
Une interprétation qui passe par la traduction (nouvelle) et la scénographie
Le rêve est aujourd’hui devenu réalité, et Dominique Pinon incarne le plus sanguinaire des tyrans dans la longue cohorte que Shakespeare a si bien dessinée. Il est accompagné d’une distribution qui mêle la jeunesse (Jessica Martin) à l’expérience (Jean-Claude Bolle-Reddat).
Mais le choix de Fréchuret n’est pas seulement dû à la volonté de l’acteur. “J’ai aussi voulu que ce soit Dominique parce que c’est un acteur qui fuit les chapelles, explique le metteur en scène. Il a une palette de jeu extraordinaire, notamment par sa facilité de passer du comique au tragique. C’est l’homme idéal pour se glisser dans la peau de Richard III, un assassin d’une incroyable cruauté mais aussi un séducteur touchant, avec des côtés presque enfantins.”
Autre intérêt du spectacle, Laurent Fréchuret a commandé une nouvelle traduction à Dorothée Zumstein, qui respecte l’aspect élégiaque de cette œuvre de jeunesse. Fidèle au texte, mais aussi populaire et poétique dans son adresse directe au public ainsi que dans sa façon de faire tomber le quatrième mur. Les décors épurés de Stéphanie Mathieu, excellente scénographe souvent sollicitée par Michel Raskine, concourent à faire de ce spectacle l’un des plus attendus de la saison.