Possédant des destins lunaires © Bernard Prud’Homme

Robert Desnoux, la peinture dans la chair

La galerie l’Œil Écoute expose les œuvres du peintre Robert Desnoux, vibrantes et poétiques, qui puisent dans un parcours de vie hors du commun !

Robert Desnoux le dit lui-même : “J’ai eu quatre vies !” Ses peintures révèlent la poésie viscérale d’un artiste au parcours hors norme, rempli de rencontres incroyables, de violence et de misère, de puissance et d’apaisement.

Né à Créteil en 1949, cévenol du côté de la mère, corse/kabyle du côté du père, de sa naissance jusqu’à 9 ans (âge auquel il est déscolarisé), il vit dans la misère crasse de caves et hôtels sordides, se débrouille seul pour manger jusqu’au jour où le cinéaste Claude Sautet le remarque dans les rues de Montmartre et lui propose de jouer dans son premier film Classe tous risques avec Ventura et Belmondo.

La grâce du si peu, d’après Christian Bobin © Bernard Prud'Homme

À partir de là et jusqu’à 14 ans, un autre chemin s’ouvre, qui lui fait gagner sa vie avec le cinéma puis le théâtre aux côtés de Jean Anouilh, Jean-Louis Barrault, Claude Santelli, Pierre Brasseur dont il dit qu’il l’a élevé, autant de personnes qui le sauvent, l’amènent à la culture et la lecture (à 14 ans, il a déjà lu tout Shakespeare, Chateaubriand, Lamartine…).

Puis il découvre la danse en allant voir un ami danser et en tombe amoureux. Il se forme au classique, acquiert très vite un haut niveau car il est doué et danse pour de nombreuses compagnies dont le Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart avec lequel il collabore aussi pour les costumes et les décors.

Plus tard, il refuse une proposition du New York City Ballet et crée une école de danse classique à Créteil, préférant enseigner à des jeunes de banlieues. Auparavant, il s’était formé à l’École nationale des beaux-arts de Paris et Barbara, Prévert, Ferré, Brel, Nougaro sont ses amis. À 50 ans, il quitte Paris et s’installe en Ardèche dans la maison familiale pour se consacrer uniquement à la peinture : “La solitude est ma nature profonde,nous dit-il, et la peinture a toujours été là depuis que je suis tout petit, je me rappelle ma première vie même là dans les moments les plus horribles, les plus terribles, je peignais, je dessinais, depuis toujours.”

Le souffle des couleurs

Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la couleur en elle-même, ce sont les rapports à la couleur, un certain rouge à côté d’un bleu n’est pas le même si on met un autre rouge avec un autre bleu, c’est la façon d’utiliser la couleur, de la vivre et de la faire vivre sur le support. J’ai travaillé beaucoup de thèmes jusqu’à celui qui me tient à cœur, La Chanson du mal-aimé de Guillaume Apollinaire, avec bien sûr des chemins de traverse, Rimbaud, René Char, Brel aussi m’a beaucoup inspiré, il est toujours question de poésie dans mon travail.”

L’exposition nous invite à parcourir des émotions au travers de paysages intérieurs, fantasmés et transformés par des compositions sans lignes d’horizon, qui en appellent à des lumières différentes et profondes – poussières d’ocre, vert léger ou ancré, orange lumineux, bleu doux ou tragique rouge vif et violent, une peinture qui mixe épaisseur de la matière et étirement du geste pictural jusqu’à la transparence, qui ouvre ou ferme les perspectives de la vie.

Profondément terrien, Desnoux joue avec les éléments, l’eau, l’air et la terre comme pour faire renaître ou disparaître. Il retravaille plusieurs fois certaines toiles qui cheminent en lui longtemps après car l’aboutissement peut être difficile à atteindre tant il est lié non pas à la technique mais à une recherche d’authenticité, quelque chose de sacré qui vient de loin et le maintient en vie, envers et contre tout !

Continuité(s) - RobertDesnoux – Du 1er février au 9 mars à la galerie l’Œil Écoute

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