Quelques jours à peine après la fin de Jazz à Vienne, le théâtre antique est à nouveau occupé, cette fois par l’édition 2012 des Authentiks. Cet événement associatif voyait se produire jeudi 19 juillet les Lyonnais de Fake Oddity, l’Israélien Asaf Avidan, la bouillonnante Izia et Hubert-Félix Thiéfaine. Retour sur une soirée définitivement rock.
À chaque fois, le choc est le même : le théâtre antique de Vienne est décidément magnifique à la tombée du jour. Le cadre et l’acoustique en font un lieu tellement adapté aux concerts qu’on croirait presque qu’il a été bâti pour.
Bonne humeur
Ses gradins commencent seulement à se remplir lorsque les membres de Fake Oddity font leur entrée sur scène. Né en 2002 à Lyon, le groupe choisit ce nom en référence à deux morceaux mythiques, Fake Plastic Trees et Space Oddity. Avec Radiohead et David Bowie comme influences affichées, les attentes ne pouvaient qu’être grandes de la part du public lyonnais.
Dix ans et trois albums studio plus tard, le groupe peine pourtant à exister sur la scène française. Malgré quelques dates importantes, leur carrière n’a jamais vraiment décollé. Sur scène, comme souvent quand on passe du studio au concert, la tonalité est plus rock que sur l’album French Beauté, sorti en mars dernier. Riffs de guitare puissants, voix bien posée et bonne humeur palpable : on sent un potentiel certain derrière le sourire de Faik, le chanteur. Fake Oddity suscite immédiatement la sympathie et l’adhésion du public. Musicalement, c’est efficace mais un peu trop classique. Il manque juste l’étincelle qui les fera sortir du lot pour les propulser sur le devant de la scène pop-rock française.
Rage
La plus grosse surprise de la soirée est sans conteste attribuée à Asaf Avidan. Sa voix, rauque, écorchée, déchire l’atmosphère du théâtre. C’est le rejeton légitime d’une improbable union entre Robert Plant et Janis Joplin qui se tient devant nous. Délaissant The Mojos, son groupe habituel, le temps d’une soirée, le songwriter israélien se laisse emporter par ses démons intérieurs, et nous embarque dans un voyage torturé. “Stop wastin’ my time”, martèle-t-il en harmonie avec la foule de Vienne, prouvant avec brio que le rock est avant tout rageur, tapageur et rebelle, et surtout qu’il mérite toujours ses lettres de noblesse.
Tornade...
L’arrivée d’Izia fait encore monter la température d’un cran. Tornade sexy et provoc’, elle déploie une énergie incroyable sur scène. “C’est bien la fille de son père”, pouvait-on entendre dans la foule. Son père ? Jacques Higelin. Récompensée aux dernières Victoires de la musique dans la catégorie “meilleur album rock”, Izia bouscule d’emblée le théâtre antique en prenant à partie le public : “Réveillez-vous, c’est un cadre exceptionnel, il faut en profiter, on a 1h15 pour tout faire péter !”
L’assistance, qui n’attendait que ce signal, s’embrase d’un coup. Les déjà cultes So Much Trouble ou Let Me Alone déchaînent la foule. Izia, impériale, se fait l’ambassadrice d’un rock abrupt et efficace, dans la lignée des plus grands noms du genre.
... et frissons
Les morceaux plus calmes valent également le détour : “Il paraît qu’il y a d’hyperbonnes acoustiques ici au théâtre antique”, lance-t-elle avant de se payer le luxe d’une session a capella qui donne des frissons aux spectateurs rassemblés dans la fosse.
Après ce déluge d’énergie sauvage, c’est le chanteur Hubert Félix Thiéfaine, HFT pour les intimes, qui vient clore une soirée très mouvementée. De notre côté, on espère retrouver bientôt Fake Oddity en tournée dans la région.
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Pour un aperçu des prestations d’Asaf Avidan et Izia, c’est ici et ici.