Un opéra baroque pour terminer l’année à l’opéra de Lyon : du grand Haendel ! Dirigé par Stefano Montanari et mis en scène par Claus Guth. Première ce samedi.
En 1725, Georg Friedrich Haendel est au sommet de son art. Émigré à Londres où il enchaîne les succès – fort du goût prononcé en Angleterre pour l’opera seria –, son troisième blockbuster, Rodelinda, irradie le King’s Theatre. Il faut dire que le public, chauffé à blanc par ses précédents Giulio Cesare et Tamerlano, attend le dernier Haendel comme certains, de nos jours, le nouvel iPhone. Point de déception, Rodelinda conjugue tous les atouts nécessaires au plébiscite. À commencer par un livret traitant du couple sous des airs modernistes – l’épouse maîtresse de son destin est au centre de l’intrigue. Un triangle amoureux se forme alors que Rodelinda, reine de Lombardie inconsolable car croyant son Bertarido de mari décédé, désire lui rester fidèle en résistant aux avances de l’usurpateur du trône, Grimoaldo. Amour, jeux de pouvoir et honneur : tous les ingrédients sont réunis !
Côté musique, Haendel se sent comme un poisson dans l’eau au sein de la Royal Academy of Music, disposant d’un quatuor de fidèles solistes à la fois dévoués à son art et qu’il sait mieux que quiconque mettre en valeur – à commencer par le tumultueux castrat Senesino, qui a suivi le compositeur jusqu’à Londres. La soprano Cuzzoni, le baryton-basse Boschi et le ténor Borosini complètent un casting de rêve qui permet au bel canto baroque de Haendel de s’épanouir…
Familier de l’opéra classique et baroque, le metteur en scène Claus Guth a pris le parti de nous plonger dans un huis-clos observé à travers les yeux d’un enfant, spectateur voyeuriste et rongé par la culpabilité. L’orchestre de l’Opéra de Lyon est, comme de coutume dès qu’il s’agit d’opéras baroques ou pré-classiques, confié au chef italien Stefano Montanari. Il n’est de doute que sa direction à la fois précise et orageuse sied comme un gant à la dramaturgie et au caractère enlevé de l’œuvre. La distribution n’est pas en reste puisque quelques spécialistes du genre sont de la partie : Avery Amereau, Sabina Puértolas, Krystian Adam… Joli coup pour achever l’année !