Rodolphe Bessey : L'alchimiste

Arts plastiques. Rodolphe Bessey, jeune plasticien habitué des sphères de l'underground lyonnais, s'expose pour fêter la sortie de L'espace du Silence, premier recueil de ses étranges photogrammes.

La silhouette d'un agent de sécurité mais la sensibilité à fleur de peau, Rodolphe Bessey est un plasticien lyonnais, membre du collectif Undata. À 31 ans, cet activiste boulimique mange et digère tout ce qui l'entoure. Ce qui en résulte ? Un univers au premier abord obscur, presque gothique. Rodolphe, lui, s'en défend et préfère militer " pour la vie, pour la lumière et pour ses enfants dans une perpétuelle quête d'oxygène " parsemée de crises existentielles. Son œuvre a pour origine une technique du siècle dernier : le photogramme argentique, sorte de négatif photographique obtenue en plaçant des objets sur une surface sensible exposée directement à la lumière. Rodolphe prend alors des allures d'alchimiste qui transformerait des matières brutes pour en faire tout autre chose. Les objets du quotidien s'effacent et deviennent abstraits, habités par une présence, chacun interprétant différemment ses images presque radiographiques. Pour lui, l'art doit être en adéquation avec le monde dans lequel on vit. Pourtant, Rodolphe ne désire pas intellectualiser son travail. Une démarche qui l'oppose à l'enseignement distillé à l'école des Beaux Arts qu'il a fréquentée un peu moins d'un an. Une expérience pas forcément heureuse dans une institution sans doute trop conceptuelle où le discours prime bien souvent sur l'œuvre. " J'avais surtout envie de mettre la main à la pâte, de sentir, de toucher de la matière. Je n'ai pas de discours philosophique ou politique préétablis sur le pourquoi du comment. Je ne veux pas révolutionner le monde, juste faire une image personnelle qui s'inscrit dans une époque ".

"Ne pas être original mais originel"

Rodolphe Bessey décrit son travail comme une quête sur l'être humain et la mémoire basée sur le rituel, la recherche, l'étude. Il dit ne pas vouloir " être original, mais originel. Je fais le grand écart entre le présent et le passé. Je suis obsédé par l'art depuis la préhistoire jusqu'à aujourd'hui et il n'y a aucune frontière entre tout ce qui est création et expression sincère ". Après quelques minutes passées aux côtés de l'artiste, on ne peut que s'interroger devant l'appellation du premier recueil de ses œuvres, L'espace du Silence, tant le personnage est un incroyable bavard. " J'ai besoin d'un silence intérieur. Comme je suis quelqu'un d'hyper speed qui ne sait plus où mettre son énergie, il faut bien que je canalise ça pour me sentir mieux. L'art n'est pas une thérapie. J'apprends juste à connaître mon corps, à écouter l'autre, à faire attention au monde invisible. C'est mon petit côté mystique ".

L'espace du Silence, de Rodolphe Bessey aux éditions Eclectik.lab

Nouvelle exposition le 15 janvier 2011 chez Tattoo Station,7 rue romarin, Lyon 1er.

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