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Sélection littéraire : Belin au figuré

Bertrand Belin a toujours affirmé parler de lui à travers ses étranges fictions. Cette fois, il le fait plus frontalement mais en ajoutant à la vraie vie cette forme de fiction induite par la volatilité de la mémoire, cette matière faillible, instable qu’il manipule ici comme on convoie un stock de nitroglycérine sur un chemin accidenté. 

Ces souvenirs ce sont ceux d’une enfance essentiellement faite de douleur et se résumant à trois choses vitales : “manger, boire, éviter les coups”, entre un père que sa violence rendait tout-puissant et que “le vin passionnait” et une mère affaiblie par l’épuisement d’avoir à faire tourner la boutique.

La “Figure” du titre c’est son double, son acolyte du dedans, à la fois “Sancho Panza et tempête intérieure”, dit l’auteur, qui ainsi se dédouble pour avoir une pensée avec vis-à-vis, celle qui tourne parfois à vide quand le cerveau peine à se mettre en veille. Avec elle, il dissèque cette enfance comme un objet d’études, fore un tunnel de souvenirs qui commence par une oie à qui l’on tranche le cou. Peut-être parce que les mots de Belin, qu’ils soient chantés ou couchés sur le papier, tranchent toujours dans le vif.

La Figure – Bertrand Belin, éditions P.O.L, 176 p., 18 €.

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