Il y a un parfum de scandale qui flotte sur le dernier roman de Philippe Vilain, Mauvais Élève. Il y revient en effet sur la liaison qu’il entretint avec une certaine Annie Ernaux.
Oui, la grande papesse des lettres françaises, prix Nobel de littérature en 2022. Il avait alors 23 ans et elle trente de plus. Mais n’attendez pas la révélation de secrets d’alcôve, c’est bien davantage les ressorts psychologiques et les jeux de pouvoir et de sentiments qui intéressent l’écrivain. L’analyse est fine, précise, le portrait d’autant plus cruel qu’il sonne juste.
Annie Ernaux, qui prétendait déjà – qui prétend encore – défendre le peuple, les opprimés, n’en avait cure. Elle était en réalité bien plus soucieuse des honneurs et faveurs d’une petite coterie littéraire germanopratine. Au-delà du récit de ce qui fut malgré tout une histoire d’amour, le livre est aussi un roman d’apprentissage.
Philippe Vilain revient sur ses années scolaires et universitaires. Et surtout sur sa vocation d’écrivain. Ses premiers écrits, ses influences. Enfin il rend à ses parents, divorcés, séparés puis de nouveau ensemble, le plus émouvant hommage. L’adieu qu’il fait à son père par l’écriture, alors qu’il ne put être à ses côtés lors de ses derniers jours, est déchirant.
Mauvais Élève – Philippe Vilain, éditions Robert Laffont, 240 p., 20 €.