Malgré de récents ennuis de santé, la retraite de Bernard Pivot est active. À 85 ans, l’ancien journaliste, figure centrale de la vie littéraire française pendant un demi-siècle, membre de l’académie Goncourt, propose un roman, mi-fiction mi-autobiographie, … mais la vie continue. Le récit de son grand âge. Jubilatoire.
C’est un temps que les moins de vingt ans, mais aussi les trentenaires, n’ont pu connaître. Une autre France… Où la littérature disposait d’une émission phare, Apostrophes. 724 émissions entre le 10 janvier 1975 et le 22 juin 1990*, avec des parts de marché dépassant les 12 % de téléspectateurs dans son créneau horaire. Le gratin de la littérature française et mondiale s’y bouscula durant un quart de siècle ; il est vrai que des dizaines, voire des centaines, de milliers d’exemplaires pouvaient être vendus après un passage mémorable... Vladimir Nabokov, Norman Mailer, Alexandre Soljenitsyne (filmé dans sa datcha russe), Marguerite Yourcenar, Milan Kundera, Georges Simenon, William Styron, John le Carré, Tom Wolfe, Umberto Eco ou Marguerite Duras y furent accueillis. Outre les moments houleux (Charles Bukowski ivre mort, Gabriel Matzneff vantant ses amours interdites), l’émission marqua les mémoires par la qualité des écrivains et intellectuels invités mais aussi par l’art du présentateur pour les faire parler, ou respecter leurs silences (ceux de Patrick Modiano sont restés célèbres). Un art où se mêlaient une immense culture, un humour malicieux et une passion inextinguible pour la chose écrite. Bernard Pivot, c’est de lui qu’il s’agit, pouvait alors dévorer jusqu’à quatre livres par jour. Né à Lyon le 5 mai 1935, un temps correspondant du Progrès, il prit la barre du navire Apostrophes à quarante ans et ne la lâcha qu’à soixante-cinq. Nous ne disposons pas ici de l’espace pour détailler les différentes étapes qui suivirent Apostrophes. Mais il y eut d’autres émissions (Bouillon de culture), des championnats d’orthographe (ah, les dictées de Pivot), des places de juré dans les plus prestigieux prix, la direction de l’académie Goncourt, et même des spectacles.Il vous reste 56 % de l'article à lire.
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