Sélection livre : "Le Futur futur" du génial Adam Thirlwell

Discrètement, et avec une certaine parcimonie dans ses publications, le Britannique Adam Thirlwell s’est imposé comme l’un des génies littéraires du début du XXIe siècle.

En 2004, son foutraque Politique lui vaut d’être considéré comme un des futurs grands auteurs britanniques par la revue Granta (qui fait la pluie et le beau temps sur la désignation des grands espoirs de la littérature). Un talent largement confirmé par L’Évasion (2009) et Candide et lubrique (2016).

Ainsi qu’avec le prodigieux Le Livre multiple (2013) où il se fait critique et décortique avec fantaisie Borges, Kafka, Sterne ou Nabokov. L’auteur nous revient avec un drôle d’objet baptisé Le Futur futur, genre d’uchronie où les temporalités fusionneraient en un point, ce qui en fait davantage une achronie : une jeune femme de 19 ans y est la cible d’une forme de revenge porn (littéraire) et riposte au moyen d’un salon littéraire féministe qui défie le machisme ambiant.

Sauf que tout ça se passe à une époque qui ressemble à l’Ancien Régime, où l’on croise des avatars de Beaumarchais ou Napoléon mais où l’on peut voyager sur la Lune ou rencontrer des extraterrestres. Bref, à peu près n’importe quoi du moment que c’est génial. Et ça l’est.

Comme toujours Thirlwell jongle avec les registres comme il malaxe le temps (Céline s’endort sous l’Ancien Régime et se réveille en 2051) : avec une fantaisie et une malice qui font autant penser à Jules Verne qu’à Jonathan Swift et peut-être certaines des folies d’un Will Self tordant la réalité d’un trait de plume (Vice-Versa, Mon Idée du plaisir, Les Grands Singes ou Ainsi vivent les morts pour ne citer qu’eux), pour cette propension à nous faire embrasser le fantastique comme ordinaire. Impossible de dire du bien de ce livre dans sa version française sans saluer le travail, toujours remarquable, de Nicolas Richard, l’un des grands passeurs de langue de la littérature actuelle, au service d’un de ses auteurs les plus précieux.

Le Futur futur – Adam Thirlwell, éditions de l’Olivier, 320 p., 24 €.

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