L’Enfant de la rage, une intrigue touchante de la lyonnaise Anne Boquel
Dans son précédent roman, Le Berger, Anne Boquel s’était penchée sur le destin bouleversé d’une femme qui tombait, petit à petit, sous l’emprise d’une secte et de son gourou.
Sa démarche, qui consistait à s’interroger sur un fait de société à travers une fiction romanesque, est un peu similaire dans son nouveau livre, L’Enfant de la rage. Elle met en scène un adolescent, un gamin de 17 ans, Yohann, qui rejoint une ZAD, une “zone à défendre”, tout près de chez lui, convoitée par des industriels aux motifs douteux.
Est-ce par provocation, par désœuvrement ou poussé par un sentiment d’urgence et de révolte écologique ? Sans doute un peu tout ça en même temps.
En tout cas, rien ne le prédestinait à rejoindre la “bande de branleurs pouilleux” qui y squatte, selon leurs détracteurs, ou “ces citoyens engagés pour une juste cause”, selon leurs, plus rares, défenseurs.
Sa décision ne sera pas sans conséquence pour le jeune homme et sa famille. Un soir maudit, lors d’une manif qui dégénère, il reste au sol, inanimé, avant d’être emmené à l’hôpital, où il reste plongé dans un coma profond. Ses parents et sa petite sœur vont devoir affronter cette situation tragique, complexe.
Après la sidération, le chagrin commun, les réactions ne seront pas les mêmes. La mère va tenter de comprendre le choix de son fils en rencontrant et en se rapprochant de ceux qu’il avait rejoints. Tandis que le père, camionneur de profession, ne cessera de les vouer aux gémonies.
Quant à la petite sœur, elle ne comprend rien au désastre qui a réduit son frère en un corps immobile dont on guette un hypothétique signe de réveil.
Autour de ces trois personnages, Anne Boquel a bâti une intrigue serrée ; où elle ne juge personne mais tente de les comprendre tous. Avec une humanité touchante, elle pousse ses héros ordinaires dans leurs retranchements. Tout comme le lecteur.
L’Enfant de la rage – Anne Boquel, éditions Robert Laffont, 288 p., 20 €.
