Pour cette nouvelle édition, le festival de la Maison de la danse impose des œuvres fortes qui vont laisser des traces dans notre mémoire de spectateur.
Papaioannou, grand dompteur très attendu
Qualifié de chef-d’œuvre au festival d’Avignon 2017, The Great Tamer (Le Grand Dompteur) du Grec Dimitris Papaioannou est sans doute la pièce la plus attendue, qui augure un choc visuel et perceptif sur fond d’exploration humaine et de mémoire collective. Figure de la scène grecque depuis plus de vingt ans, le chorégraphe joue avec une palette artistique impressionnante (il est aussi peintre, dessinateur de BD, styliste, metteur en scène et décorateur) lui permettant de créer des univers plastiques qui peuvent être aussi émouvants que terrifiants. Dans cette pièce, il met dix performeurs-circassiens au défi de l’équilibre sur un plateau gonflé qui se déconstruit, absorbe ou rejette. Projetant l’écriture dans une sorte de métaphore autour de l’homme en recherche de sens, de liens, de passé, mais aussi d’un héritage culturel, il fabrique une épopée sensorielle portée par l’absurdité ou la tragédie de nos vies contemporaines. Le tout au sein d’un univers plastique qui rend hommage aux plus grands peintres européens : Botticelli, Raphaël, le Greco, Rembrandt, Magritte…
1968-2018
Le Ballet de Lorraine dirigé par Petter Jacobsson présente un programme anniversaire intitulé 1968-2018, dont une performance Happening birthday, histoire de rappeler ce qu’était l’art de la performance dans les années soixante. RainForest, pièce de Merce Cunningham créée en 1968, en sera un des points forts, avec un décor signé Andy Warhol. Celui-ci ayant accepté que le chorégraphe utilise son installation Silver Clouds composée de ballons en forme d’oreillers flottant dans l’air, au-dessus des danseurs vêtus de justaucorps et collants couleur chair que le designer Jasper Johns avait coupés d’une lame de rasoir pour donner aux costumes une apparence rugueuse.
De l’eau, Ulysse, bienvenue
L’esthétique et la poésie seront au rendez-vous avec Acqua Alta, une œuvre en réalité virtuelle d’Adrien M et Claire B. Le titre, qui signifie “montée des eaux”, désigne dans la lagune de Venise un phénomène de pic qui provoque une immersion d’une partie de la zone urbaine. Les deux créateurs s’emparent de cette catastrophe pour faire émerger dans l’eau des personnages, des histoires, des objets numériques propices aux histoires les plus invraisemblables.
Autre pièce attendue, Le Retour d’Ulysse, de la compagnie de marionnettes sud-africaine Handspring Puppet Company dont le travail mêle l’art des marionnettes à tiges et des chanteurs, avec en fond une vidéo jouant sur l’apparition de paysages humains et végétaux. Enfin, on retrouvera l’humour et la générosité de la Suisse Eugénie Rebetez avec Bienvenue, une pièce qui l’amène à plonger à l’intérieur de son propre corps pour en explorer les recoins les plus mystérieux. Alors que dans son précédent solo elle s’amusait à jouer une diva expérimentant le rêve des paillettes, ici elle plante un personnage inverse, celui d’une femme de ménage, pour aller vers des situations du quotidien ou fantasmées. Tout un programme !