Festival engagé, axé sur des propositions artistiques venues de l’étranger, la 4e édition de Sens Interdits s’annonce passionnante. Intentions et sélection.
L’objectif du festival “Sens interdits”, dès sa création en 2009, “était de permettre une confrontation des spectateurs avec un théâtre autre, un théâtre de nécessité”, explique Patrick Penot, son organisateur. Il accueille pour cela à Lyon “des artistes et des œuvres qui déstabilisent mais éclairent, nourrissent”.
À ce vent du large soufflant d’horizons multiples (les troupes viennent de tous les continents) s’est ajouté presque automatiquement un questionnement politique, une volonté de montrer les fêlures de notre monde, de témoigner de sa dureté aussi bien que de sa beauté.
Le thème choisi pour l’édition 2015 – l’exclusion – rejoint cette préoccupation : “Il est apparu clairement que, si nombre d’artistes travaillaient sur des sujets de mémoire et/ou d’identités bafouées ou occultées, la majorité des spectacles des nouvelles générations, sous toutes les latitudes, donnaient la parole aux faibles, aux exclus”, souligne Patrick Penot.
15 spectacles, de 14 pays, seront joués dans l’agglomération. Lyon Capitale vous en présente ci-dessous cinq.
Sélection de Sens interdits
Le Songe de Sonia
Belle occasion de retrouver une habituée de Sens Interdits, la Russe Tatiana Frolova. S’inspirant du Songe d’un homme ridicule de Dostoïevski mais aussi de l’histoire douloureuse d’une comédienne de sa troupe, elle aborde le problème du suicide, avec la profondeur psychologique et la maîtrise technique qu’on lui connaît. À l’heure où l’on estime le nombre de suicides “réussis” chaque année dans le monde proche de 5 millions…
Du 20 au 23 octobre, au théâtre des Célestins.
Hate Radio
Un spectacle de Milo Rau qui nous fait revivre une émission de la Radio Télévision Libre des Mille collines, au cœur du génocide rwandais.
La pièce, écrite à partir d’enregistrements d’émissions de l’époque, est interprétée par des survivants du drame.
Le parti pris est “naturaliste plutôt que documentaire”.
Du 22 au 24 octobre au théâtre des Célestins.
Mardi 27 et mercredi 28 octobre au centre Charlie-Chaplin.
© Ricardo Romero
Yo maté a Pinochet.
Yo maté a Pinochet (J’ai tué Pinochet)
Spectacle du Chilien Cristian Flores qui offre un témoignage poignant sur l’histoire des luttes populaires.
Donnant la parole à trois générations de Chiliens, il met en scène un personnage persuadé qu’il a tué Pinochet.
Du 22 au 25 octobre, au théâtre de l’Élysée.
Dehors
Un théâtre-performance où les acteurs tirent au sort les scènes à jouer. Lesquelles sont inspirées des écrits de Patrick Declerck, anthropologue qui s’est penché sur la question des sans-abri, dont il a même partagé le quotidien.
La pièce nous amène donc loin des représentations habituelles des clochards au théâtre, beaucoup plus près de la réalité qu’une énième attente de Godot.
Samedi 24 et dimanche 25 octobre, au Toboggan (Décines).
© Heiko Schäfer
Displaced Women.
Displaced Women
Spectacle de l’artiste polonaise Monika Dobrowlanska qui s’articule autour de la parole de trois rescapées de la Seconde Guerre mondiale.
Samedi 24 et dimanche 25 octobre, au théâtre de la Renaissance (Oullins).