Dommage qu'en dépit de quelques bons moments, Seuls Two manque de liant et ne dépasse que rarement le stade de la private joke. Seuls Two **
D'Eric Judor et Ramzy Bedia
Avec Eric Judor, Ramzy Bedia, Benoît Magimel... Comédie. France. 1h34
Gervais, policier, file en vain depuis des années le cambrioleur Curtis. Un matin, après une course poursuite manquée, Gervais se réveille dans une capitale vidée de tous ses habitants, à l'exception de Curtis. Mais Gervais est bien décidé à aller au bout de sa mission : arrêter Curtis.
Il y a toujours quelque chose de jouissif face au spectacle du dernier homme seul au milieu d'un monde soudain trop vaste et surtout trop vide. Du classique Le Monde, La Chair, Le Diable aux trois adaptations de Je suis une légende, en passant par le prologue de 28 Jours plus tard. Plus prosaïquement, en termes de spectacle, quelle que soit la qualité de l'œuvre, le procédé marche à tous les coups. Etrangement, malgré un budget conséquent de 18 millions d'euros et les moyens que cela implique, ce n'est pas vraiment le cas dans Seuls Two. On pourrait objecter que le film est une comédie, mais ça ne devrait guère faire de différence. Surtout que la comédie elle-même n'est pas franchement un must du genre. Connaissant les états de service d'Eric & Ramzy, l'intrigue se devait évidemment de faire appel à un registre d'opposition : le grand contre le petit, le malin contre le benêt, le flic loser contre le gangster crétin. Bref, la recette classique du buddy movie.
Cartoonesque
Ici, on est davantage dans un registre cartoonesque à la Tom & Jerry et c'est là que le film pêche un peu : un épisode de Tom & Jerry ayant l'avantage de durer quelques minutes, le temps d'un sketch.
Or c'est justement davantage une succession de sketchs et de poursuites qu'offre le film. Les dialogues et les situations sont souvent drôles (un flic qui poursuit un voleur déguisé en palmier, c'est idiot mais ça fait toujours rire), mais également trop proches de ce que le duo a toujours fait sur scène ou à la télévision.
C'est aussi là qu'une des idées du film rejoint le pourquoi du ratage partiel du bien nommé Seuls Two : on apprend assez vite que ce ne sont pas les gens et le monde qui disparaissent de temps à autres du décor, mais les deux comiques qui s'en soustraient, comme happés dans une dimension parallèle (celle de leur relation à deux ?). Seuls au monde, c'est bien l'impression que donne le duo : il s'éclate en toute sincérité mais oublie peut-être qu'on le regarde. N'autorisant, comme dans le film, le reste du monde à ne revenir à lui qu'en de trop rares occasions.
KM