Soma : « On joue avec les clichés pour brouiller les pistes »

Soma, c'est quatre potes, Lionnel, Sébastien, Thomas.B et Thomas.F qui ont formé leur groupe sur les bancs du lycée à Istres. Après 10 ans de concerts et un premier EP Get Down en octobre 2009, ils sortent leur premier album Jewel and The Orchestra en Mars dernier. Un premier opus aux sonorités pop-rock encensé par la critique et le public. En attendant leur concert sur la scène du Ninkasi Kafé samedi soir, Sebastien le guitariste nous entrouvre la porte de leur univers.

Comment se faire connaître sur la scène rock quand on vient d'un bled comme Istres ?

On a formé notre groupe en 2001, donc on n’a pas attendu 10 ans pour faire de la musique. On a commencé à jouer ensemble, comme beaucoup, par passion et parce qu'il y avait quelque chose entre nous. On a fait de la scène très tôt, on a enregistré des maquettes, on a pas chômé en fait, on a toujours bossé nos sons et nos compos, tout en cherchant des dates. Au fil des concerts on s'est développé, on a rencontré des gens jusqu'à ce qu'on trouve notre label et qu'on en arrive jusqu'à aujourd'hui.

Vous avez rencontré Dave Sardy, qui a également produit Oasis...

En fait, notre album a été réalisé par Antoine Gaillet, qui a travaillé notamment avec Mademoiselle K et Julien Doré. On a fait du super boulot avec lui. Et puis les bandes ont été envoyées à Los Angeles pour être mixées par Dave Sardy. On n’a pas pu le rencontrer parce que logistiquement c'était compliqué. On communiquait par mail, c'est une grosse pointure du rock donc on lui faisait confiance, et a chaque retour de bande ça collait super bien avec ce qu'on attendait de lui. On espère quand même un jour lui faire une petite poignée de main. Au début, on se disait que les gens allaient trouver ça super parce que c'est la première fois qu'il mixe un groupe français. Mais, cette collaboration nous a surtout permis d'évoluer artistiquement et de prendre confiance en nous, ça nous a apporté beaucoup de fierté et d'entrain dans ce qu'on faisait. Après, pour la communication c'est un plus, on se rend compte que tous les médias en parle et ça nous aide à être référencé tout de suite dans les bacs, c'est une sorte de label qualité.

Votre clip Get Down qui a été censuré, c’était une façon de créer le buzz ?

Ce clip à la base, pour nous, c'était vraiment un gros délire. On avait envie de faire un truc entre nous qui embrouillerait un peu les gens sur la manière dont on s'est rencontrés. Du genre « on a l'air de gentils garçons, mais voilà comment le groupe s'est formé », de façon fictive bien sûr. On ne voulait pas forcément qu'il soit choquant ou même censuré. La censure s'est faite sur Youtube par des utilisateurs qui n'ont pas saisi le second degré. Mais on adore tous les quatre le cinéma et ça reste avant tout un hommage au cinéma de Tarantino. Ce qui a choqué, c'est le côté explicit du clip. Pour autant, il y a une morale. Le rock n'est pas nécessairement lié au sexe et à la drogue, parce qu'on extirpe des gens de cette situation pour les faire jouer dans un groupe. En gros, le message c'est que la musique rend meilleur. On joue avec les clichés pour brouiller les pistes.

Chanter en anglais, c'est aussi un moyen de brouiller ces pistes ?

Il y a beaucoup de groupes français qui font de la musique anglo-saxonne et qui commencent à sortir de l'eau. Nous, on est super contents de ça, parce qu'on pense que chanter en français n'est pas une obligation. Une bonne chanson, peu importe le texte ou la langue, du moment qu'elle parle aux gens, c'est le principal. Après, nous, on chante en anglais mais pas forcément dans l'idée de s'exporter à l'étranger. C'est naturellement qu'on écrit comme ça. Nos textes ne sont pas écrits dans cette langue pour se cacher du français. Il y a vraiment du sens dans nos chansons. Ce sont des histoires que l'on essaye de raconter avec les mots justes. Et puis au niveau des sonorités, l'anglais colle toujours mieux avec le rock. Par contre, il y a des groupes qui font du rock en français et ça marche très bien, nous on le fait quand ça fonctionne. On ne s'impose pas de ligne de conduite par rapport à ça, tout est question de feeling.

Soma. Le samedi 17 avril au Ninkasi Kafé. www.ninkasi.fr

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