On la dit neutre de toute influence, Sophie Hunger n’en demeure pas moins inspirée. Avec ce qu’il faut de pop, de blues et de folk qui siffle comme du Suzanne Vega, la jeune “songwriteuse” polyglotte, du haut de ses 27 ans et de son Helvétie natale, fait son petit bonhomme de chemin avec ce qu’il faut de talent et de références pour s’attirer les bonnes grâces des critiques et du public européens.
Lyon Capitale : Une peinture de Maria Lassnig semble avoir influencé la pochette de 1983, votre dernier album. Votre disque retranscrit-il toute la provocation et l’humour qui émanent de cette œuvre ?
Sophie Hunger : Je ne me sens pas très concernée par ce qui "émane" de l’œuvre Maria Lassnig. Ce qui me préoccupe, c’est la création de quelque chose de nouveau. C’est peut-être un échec, c’est à vous de me le dire… Il n’y a pas de message explicite ! Ce geste, c’est bien plus que cela. Regardez-le. Pendant une seconde, on ne sait pas quoi faire. Levez les mains en l’air ? Intervenir ? Le temps s’arrête. Ça fonctionne comme un tout. L’image et le spectateur forment une unité complète : je ne peux pas exister sans vous.
LC : Pourquoi avoir choisi de reprendre Le vent nous portera, de Noir Désir ?
SH : J’ai aimé la chanson. Je ne connaissais pas le groupe. Pour mes amis et moi, c’était comme un hymne. Avant même d’en comprendre les paroles, je sentais qu’elle parlait de quelque chose de grand. Quelque chose d’universel. Nous avons commencé à la jouer en live bien avant de l’avoir enregistrée. Elle fait aujourd’hui partie de notre musique. Pour moi, il ne s’agit pas d’une reprise, c’est maintenant ma chanson, même si je ne l’ai pas écrite.
LC : Est-ce que la polémique qui a entaché le leader du groupe a pesé dans la balance pour faire apparaître ce titre sur votre album ?
SH : Comme je ne suis pas Française, je n’étais pas au courant de ces histoires et j’ai fait en sorte de ne rien apprendre sur le sujet. Cette histoire ne m’appartient pas et n’appartient pas à la musique. Celle-ci est beaucoup plus importante que n’importe quelle biographie privée. Et particulièrement pour cette chanson, sinon il serait impossible de l’interpréter.
Sophie Hunger. Le 21 octobre au Ninkasi Kao, Lyon 7e.
www.myspace.com/sophiehunger