Les deux frères lyonnais qui constituent le groupe Spitzer reviennent avec un très bon second album, à mi-chemin entre new wave et électro.
Non, il n’est pas ici question d’une marque de bière allemande, ni d’un costume traditionnel autrichien ou d’un apéritif italien ! Avec un peu plus d’imagination, “Spitzer” pourrait évoquer le nom d’un club berlinois des années 1980, ambiance underground et givrée, où l’on va pour remuer la tête sur les pulsations lourdes et cadencées d’une bonne musique électro, industrielle et sombre. Cette évocation se rapproche grandement du Spitzer dont il est question ici : un duo fraternel qui vient de sortir son deuxième album, Loose Cannons, entièrement fait maison, de la composition à la production en passant par l’enregistrement. Album 100 % famille, 100 % Croix-Rousse, présenté au public lors d’un concert au Sucre fin février.
Touche British
Après un album (The Call, en 2012), un EP et de nombreux remix (dont In my Arms pour Kylie Minogue), Matthieu et Damien se sont fait depuis quelques années une place dans le paysage rayonnant de la musique électronique lyonnaise. Les deux frisés ont déroulé du câble dans pas mal de clubs en France et Europe (à noter un passage aux Nuits sonores), jusqu’en Russie, Turquie, Chine, Australie, Mexique, États-Unis, délivrant une techno lugubre à la production léchée. Puis les deux ont frisé l’overdose… de clubs justement. Marre de jouer dans un contexte dans lequel ils ne se reconnaissent plus, en somme marre d’être DJ. Envie d’évoluer vers un autre type de formation et de musique.
Très influencée par la new wave et la musique rock, la fratrie a voulu avec Loose Cannons composer un album intégrant ces influences d’origine. Musicalement, une des grandes différences est l’apparition d’une voix, celle de Damien, qui donne une touche British et parfois pop aux compositions.
Pour l’ambiance, on est à la fin des années 1980-début des années 1990, quelque part entre Depeche Mode, de la musique de club et du rock indépendant. Le son et la production sont particulièrement travaillés, ce qui rend l’album d’autant plus accessible, percutant et surtout dans l’ère du temps. C’est son aspect un peu synthwave et moderne.
On est possédé par les vibrations enivrantes d’Off-Shore et Veckman Blues, envoûté par la guitare, la voix et les arrangements du mystique Sorcerer et on ne résiste pas à chanter à tue-tête Monkey (Talkie) et When It’s All Over.
Globalement, on ressort de l’écoute des onze chansons de Loose Cannons comme d’un excellent voyage musical, surprenant et jouissif. Si les frangins restent sur cette dynamique et se lâchent encore plus sur le prochain opus (notamment sur les voix et pourquoi pas sur l’utilisation d’instruments) le voyage serait carrément démentiel.