Star Trek Into Darkness : un tour de manège avant Star Wars

Critique - En 2009, le réalisateur JJ Abrams parvient à relancer la franchise Star Trek au cinéma. Quatre ans plus tard, alors qu’il est déjà embauché pour réaliser Star Wars VII, il nous propose un nouvel épisode des aventures de Captain Kirk et Spock. Intermède avant de retrouver les jedis ou réussite magistrale ? Verdict.

Captain Kirk et Spock vont devoir affronter un mystérieux ennemi prêt à tout pour détruire le monde libre. Seront-ils prêts à faire les sacrifices nécessaires pour arrêter ce terroriste d’un nouveau genre ?

En 2015, JJ Abrams sera peut-être l’un des réalisateurs les plus détestés de l’histoire du cinéma, ou bien un héros moderne. La cause ? Il a été choisi pour réaliser Star Wars épisode VII. L’homme qui se cachait déjà derrière la série Lost a profondément marqué la culture populaire de ces dix dernières années, tout en réussissant son pari en 2009 : relancer avec brio la franchise Star Trek au cinéma. Forcement, l’arrivée d’une suite quatre ans plus tard, intitulée Into Darkness, ne pouvait que déclencher un fort intérêt chez les amateurs d’aventures spatiales.

Un grand huit cinématographique

Avec Into Darkness, JJ Abrams opte pour la stratégie de l’action dantesque, au risque d’oublier parfois son scénario. Le film se transforme rapidement en grand huit cinématographique rempli d’effets spéciaux, mais dénué d’émotion. La conversion 3D, plutôt réussie, ne fera pas mentir cette impression d’être dans un manège plus que devant un film. Dès lors, on regarde ce mælstrom continu avec une certaine forme de plaisir, tout en oubliant parfois le fond de l’aventure.

Au contraire du premier épisode de cette relecture, Into Darkness manque cruellement de personnalité et de panache. JJ Abrams livre une réalisation efficace et solide, mais aussi terriblement générique. Face à ce spectacle, le public ne s’ennuie pas, bien au contraire. Néanmoins, le film ne se sublime jamais et ne parvient pas à aller au-delà du simple divertissement.

Un bon méchant peu aidé par le scénario

JJ Abrams l’a bien compris, un bon film est avant tout une histoire de bon méchant. On retrouve ainsi le fantastique Benedict Cumberbatch, dans le rôle d’un Némésis qui ne manquera pas de plaire aux fans des anciens épisodes de la série (ou de profondément les agacer). Vampirisant tout sur son passage, l’interprète est incontestablement l’un des points forts du film, du moins au début.

Face à lui, Chris Pine et Zachary Quinto reprennent respectivement les rôles de Captain Kirk et de Spock avec réussite. Malheureusement, le trio n’est guère aidé par un scénario peu inspiré, qui perd le fil dans le dernier acte et use de raccourcis faciles quitte à trahir certaines bases posées dans le Star Trek de 2009. Là encore, le divertissement est bien au rendez-vous, mais pour une histoire intelligente et bien construite, il faudra repasser.

Un amour pour Star Trek, mais aussi Star Wars

JJ Abrams aime Star Trek… mais aussi Star Wars. En témoignent les nombreux clins d’œil dissimulés dans tout son film, à l’image d’une formidable poursuite entre vaisseaux qui n’hésite pas à citer les deux trilogies de George Lucas (et donne une nouvelle fois l’impression d’être dans un parc d’attraction).

Cependant, malgré les appels du pied au fan de Star Wars, Star Trek n’est pas un brouillon qu’aurait bâclé Abrams avant de retrouver les jedis, mais bien un film à part entière qui s’inscrit dans sa propre saga. Dès lors, Into Darkness laisse entrevoir le futur dilemme pour JJ Abrams : partant sur une nouvelle franchise (Wars), il prend le risque d’abandonner celle qu’il vient de créer (Trek). Pourra-t-il seulement passer le relais à un autre réalisateur ?

Verdict

Star Trek into Darkness est un excellent blockbuster estival, qui peine à dépasser ce format. Divertissant et sympathique du début à la fin, le film en met plein les yeux mais n’arrive jamais à trouver cette charge émotionnelle qui pourrait faire la différence. Les fans de la saga risquent de pester devant certains éléments peu maîtrisés, tandis que le grand public suivra tout cela avec plaisir.

Into Darkness manque surtout d’une bonne dose de personnalité pour définitivement s’inscrire dans le temps. Cela ne rassure en rien pour le prochain Star Wars. JJ Abrams va devoir prouver qu’il est capable de faire autre chose qu’une simple attraction cinématographique. À moins que les producteurs de Star Wars ne l’aient justement choisi pour cette raison ?

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