La musée cinéma et miniature de Lyon met à l'honneur l'artiste Drew Struzan à partir de mercredi 7 juin. Il est l'homme derrière des affiches de films cultes de la pop-culture.
Drew Struzan, tout le monde le connaît, mais personne ne le sait. Le triptyque des affiches de la trilogie Star Wars, c'est lui. L'affiche du chef d'œuvre Bladerunner de Ridley Scott, aussi. Celle de Retour vers le futur, toujours lui. Un passionné, largement reconnu par ses pairs, "qui a commencé à dessiner avant de parler", raconte Alexandre Poncet, le commissaire de l'exposition dédiée à l'artiste au musée Cinéma et Miniature de Lyon.
Des affiches originales, et des numérisations ultra détaillées
Son style, d'une précision inégalée, Drew Struzan est parvenu à le déployer dans des délais excessivement courts, s'adaptant à l'industrie hollywoodienne. Il a par exemple réalisé l'affiche du long-métrage The Thing de John Carpenter, "en 24 h, alors qu'il n'avait pas vu le film", appuie Julien Dumont, directeur du musée qui a souhaité mettre en avant son travail. "Regardez, approchez vous, il faut voir la précision des dessins, on peut voir les coups de crayons", s'émerveille encore le directeur, accompagné pour l'occasion de Christian Struzan, fils et directeur artistique de Drew.
Les affiches de Drew sont donc souvent une affaire de famille. A l'image de celle réalisée pour le Hook de Steven Spielberg sorti en 1991 et sur laquelle figurent Christian, sa mère Dylan et Drew lui-même. "On a passé des décennies à travailler ensemble, mais celle là est vraiment spéciale, raconte Christian Struzan, lui-même dessinateur et auteur, entres autres, de l'affiche du long-métrage JFK d'Oliver Stone. Travailler avec Spielberg a été vraiment important pour Drew, ajoute son fils." L'exposition, montée en quatre mois et demi, ouvrira ses portes au public ce mercredi.
Derrière l'exposition
Cette première exposition dans le monde dédiée à Drew Struzan, a été réalisée grâce à une étroite collaboration avec la famille. "Tout doit être prêt ce soir à 17 h, j'ai une visio avec Drew", lance Alexandre Poncet, le commissaire de l'exposition. Il rencontre pour la première fois l'artiste il y a quatre ans, par l'intermédiaire du réalisateur Erik Sharkey. "Je devais aller chez la famille Struzan le vendredi, j'étais stressé toute la semaine", se souvient Alexandre. Et c'est en décembre 2022, qu'au cours d'une discussion avec Julien Dumont, directeur du musée, les deux passionnés se lancent dans ce projet, après avoir réalisé que jamais, les œuvres de Drew n'avaient été dévoilées dans le cadre d'une véritable exposition. "En un coup de fil, Drew et Dylan Struzan acceptent de parrainer le projet d’exposition du Musée Cinéma & Miniature 'pour l’amour de l’art'", explique le directeur.
Elle présente plusieurs dessins originaux ainsi que des reproductions d'une qualité exceptionnelle, réalisées en digigraphie à partir de numérisations très haute définition tirées des archives de la famille Struzan. Concrètement, ce procédé "permet aux visiteurs de contempler chaque coup de pinceau, chaque coup de crayon et chaque expérimentation créative comme jamais auparavant", explique le musée. "C'est vraiment important de voir les affiches sans la typographie pour véritablement s'immerger dedans, lance Christian. Et d'ajouter : Drew ne voulait pas simplement reproduire une scène du film, il voulait toujours capturer une émotion, faire quelque chose de personnel."
Le triptyque de Star Wars réalisé en six semaines
Le meilleur exemple, et le plus populaire est bien évidemment le triptyque des affiches de la trilogie originale Star Wars de George Lucas. La pièce la plus imposante, qui attire l'œil à l'instant où le visiteur pénètre entre les murs de l'expo. Chaque affiche a été quadruplée de taille pour permettre au visiteur d'admirer chaque détail. "C'est une grande œuvre qui émane du centre (l'épisode V, Ndlr) et est connectée avec le début et la fin", décrypte Christian Struzan. Le triptyque, somptueux, a été dessiné par Drew en six semaines seulement et sans jamais avoir les trois affiches ensemble. "Lorsqu'il a fini la première, il l'a envoyée au studio, puis il s'est mis sur la deuxième, qu'il a envoyé au studio et enfin la troisième", raconte Julien Dumont.
Drew Struzan est de ces petites mains du cinéma, inconnues du grand-public alors même qu'elles ont façonné des enfances, des adolescences et des passions. Un artiste majeur, dont la vision a créé une imagerie complète de la pop-culture, mis à l'honneur pour la première fois à Lyon.