Après d’innombrables annulations de dernière minute, des projets remis au placard et des espoirs maintes fois déçus… cette fois ça y est : nos salles de spectacles ont à nouveau ouvert leurs portes, pour le bonheur de tous ! Lyon Capitale vous propose une sélection de représentations qui auront lieu durant ce mois de juin.
Théâtre des Célestins
Un redémarrage King Size !
Aux Célestins, pas question de bouder la possibilité qui est offerte de jouer avant les vacances d’été. Les spectateurs pourront même voir l’un des spectacles les plus attendus de cette saison (à l’origine prévu en décembre). Celui de Christoph Marthaler, King Size.
Le metteur en scène suisse, ex-directeur de la Volksbühne, est en effet une pointure internationale que l’on a très peu eu l’occasion de voir à Lyon.
King Size est un délirant vaudeville musical qui nous emmène dans une chambre d’hôtel démodée, à l’intérieur de laquelle se croisent, sans vraiment se voir, un couple de chanteurs excentriques, un pianiste chauve qui se laisse aller à quelques coups de peigne et une vieille dame gâteuse en pleine crise existentielle. Enfermés dans leurs petites manies, ils chantent, dansent, donnent à entendre des airs de Mozart, de Wagner, de Boby Lapointe, de Michel Polnareff, des Kinks ou des Jackson Five !
Tout l’art de Christoph Marthaler tient dans une manière espiègle et sensible de rendre compte des paradoxes humains. Cette opérette foutraque joue de perpétuels décalages et glissements, du burlesque le plus irrésistible vers l’absurde le plus inattendu.
Autre moment à noter sur vos tablettes, Ça marchera jamais, création de Nicolas Ramond et sa compagnie des Transformateurs qui a été primée lors de la première édition du prix Célest’1 en 2019. Récompense méritée, c’est un formidable spectacle et une réflexion poétique et profonde sur la notion d’échec. Mais aussi d’une irrésistible drôlerie grâce à l’interprétation d’Anne de Boissy et Jean-Philippe Salério. Ils réussissent à échouer avec brio !
King Size – Du 31 mai au 3 juin.
Ça marchera jamais – Du 22 au 26 juin.
www.theatredescelestins.com
TNP
Onéguine au creux de l’oreille d’un “vrai” public
Véritable travail de titan que celui auquel s’est livré André Markowicz, actuellement en résidence au TNP, afin de traduire, du russe au français, l’œuvre majeure d’Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine. Il a mis près de vingt-huit ans à traduire les cinq mille cinq cent vingt-trois vers du roman !
Le patron du TNP, Jean Bellorini, s’empare de cette partition dans une mise en scène où intervient une demi-douzaine de ses plus fidèles comédiens, au cœur d’un dispositif scénique particulier : deux rangées de gradins munis de casques dont chaque spectateur se coiffe à l’entame du spectacle. Ils entendent les voix des personnages du roman, magnifiquement interprétés par les jeunes comédiens sur le plateau, comme s’ils venaient leur chuchoter à l’oreille.
Avec une bande-son qui ressuscite le bruit du vent, les bouchons de champagne qui sautent, les éclats de voix, les verres qui s’entrechoquent... Ou les crépitements d’un feu de bois, dans le salon d’une datcha sous la neige. L’écrin idéal pour (re)découvrir ce texte d’une frappante simplicité qui nous conte l’histoire d’un amour malheureux, toujours différé. Celui d’Eugène Onéguine, esthète épris de luxe et de fêtes. Et de la belle et sombre Tatiana, jeune fille noble de la campagne, amoureuse du dandy de grand chemin dès le premier regard.
Présentée seulement à un public de scolaires et professionnels, cette dernière création sera accessible au public du TNP, durant tout le mois de juin. Auparavant, le TNP accueillera plusieurs spectacles de la Biennale de la danse.
Eugène Onéguine – Du 3 au 26 juin au TNP.
www.tnp-villeurbanne.com
Théâtre de la Renaissance
Antigone à Molenbeek & Tirésias
Jamais le théâtre de la Renaissance n’aura aussi bien porté son nom. En partenariat avec les Nuits de Fourvière, le théâtre oullinois accueillera deux pièces mises en scène par l’Anversois Guy Cassiers.
Les visions qu’il propose d’Antigone et de Tirésias font déjà figure de prophétie. L’Antigone à Molenbeek de Stefan Hertmans se nomme Nouria, elle est étudiante en droit. Son frère, radicalisé, a combattu aux côtés de Daesh et a péri dans un attentat-suicide. Nouria, comme Antigone, ne désire qu’une seule chose : enterrer la dépouille de son frère.
Tandis que Tirésias, inspiré du recueil de poèmes de Kae Tempest, est un adolescent d’aujourd’hui, âgé de 15 ans, qui se transforme en femme et finalement en prophète que personne n’écoute.
C’est ainsi que Cassiers raconte Antigone et Tirésias en deux monologues. Nouria sera Ghita Serraj, Tirésias sera Valérie Dréville. Leurs paroles seront soutenues sur scène par le Quatuor Debussy qui interprétera en direct des extraits des Quatuors à cordes de Chostakovitch. Comme souvent, chez Cassiers, s’épousent technologie visuelle et musique pour servir des narrations épiques et lyriques dans lesquelles se mêlent les mots et les images.
Antigone à Molenbeek suivi de Tirésias – Du 11 au 13 juin, au théâtre de la Renaissance.
www.theatrelarenaissance.com
Comédie-Odéon
Pierre Palmade a de la reprise
Plusieurs fois différé, l’événement que constituait la venue de Pierre Palmade à la Comédie-Odéon va enfin avoir lieu. Il reprendra, du 22 au 25 juin, une sélection de sketches qu’il affectionne particulièrement, piochés parmi ses neuf one man shows et ses 30 ans de carrière.
Également attendu à la Comédie-Odéon, le ventriloque et humoriste Jeff Panacloc dans une création plus intime Adventure, en chantier. Mais si vous aimez le théâtre et la politique, ne ratez pas Le Prix de l’ascension, une pièce d’Antoine Demor et Victor Rossi qui réunit les deux. Elle narre l’accession au pouvoir d’un duo de jeunes énarques dans un univers impitoyable mais, hélas, réaliste.
Jeff Panacloc, Adventure en chantier – Du 14 au 17 juin.
Pierre Palmade joue ses sketches – Du 22 au 25 juin.
Le Prix de l’ascension – Le 26 juin à la Comédie-Odéon.
www.comedieodeon.com
Festival les Entêté.e.s
Le théâtre du Point-du-Jour n’en fait qu’à sa tête
De novembre 2020 à mai 2021, derrière les portes closes, les co-directeurs du théâtre du Point-du-Jour, Éric Massé et Angélique Clairand (nommés en janvier 2019), leur équipe et les artistes associés n’ont cessé de répéter, d’interviewer, de collecter et de rencontrer.
Dans le théâtre comme sur le territoire du 5e arrondissement, des centres sociaux aux hôpitaux, des écoles aux bibliothèques et musées, le lien a été maintenu, quelquefois avec des spectacles joués devant des publics restreints (scolaires et/ou professionnels) mais aussi grâce à Internet avec des web séries, des podcasts, des rencontres retransmises.
L’envie était trop grande de retrouver enfin la scène, de mettre les bouchées doubles durant cette fenêtre de jeu possible.
Le festival Les Entêté.e.s (parce qu’ils s’entêtent à jouer) est né de cette volonté. Il permettra de montrer certains spectacles prévus puis annulés mais aussi de faire écho au monde tel qu’il est, ainsi que de donner la parole aux “invisibles” chers à l’équipe du Point-du-Jour.
Les spectacles et expos se dérouleront au théâtre du Point-du-Jour mais aussi dans plusieurs lieux du 5e arrondissement (musée Gadagne, espace Pierre-Valdo, Ensatt…) ainsi qu’au Transbordeur de Villeurbanne.
Au programme du festival :
• Balai citoyen : ensemble on est jamais seul
Exposition de Sophie Garcia, photojournaliste basée au Burkina Faso. Les images sont consacrées au Balai citoyen, un mouvement populaire qui a pour volonté de balayer la corruption et le clientélisme hérités du régime Compaoré.
> Hall du théâtre du Point-du-Jour de mi-mai à mi-juillet.
• Cannes 39/90
Un spectacle d’Étienne Gaudillère (initialement prévu en mars 2021) qui dissèque le Festival de Cannes sous toutes ses facettes. Des conditions de sa création aux événements de Mai 68 et à la révolte des réalisateurs de la Nouvelle Vague, des incidences de la Guerre froide à la contestation de certaines palmes… L’histoire agitée du plus grand festival de cinéma au monde est abordée lors de ce pari un peu fou.
> Les 15 et 16 juin au Transbordeur.
• Fugueuses, histoires des femmes qui voulaient partir
Clin d’œil au peintre Soulages, la salle est plongée dans une profonde pénombre. Le public est au cœur d’une expérience immersive, la voix d’Angélique Clairand reprend la création sonore de Judith Bordas et Annabelle Brouard sur ces femmes qui désertent la maison familiale.
> Les 23 et 24 juin au musée Gadagne.
• Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour
Sur scène avec le musicien multi-instrumentiste Alain Larribet, Yannick Jaulin, comédien, poète, reprend des récits issus de la tradition orale, qu’il mêle avec humour à la pensée de Bourdieu, Nathan ou Barthes.
Du 28 au 30 juin au théâtre de Verdure de l’espace Valdo.
Les Entêté.e.s, festival de résistance théâtrale
www.pointdujourtheatre.fr