À l’heure où certain envisage d’en ériger un nouveau, de plusieurs milliers de kilomètres, Abdelwaheb Sefsaf et Jérôme Richer racontent, avec humour et en musique, les histoires de ceux qui vivent avec les murs…
Au départ de Murs, le spectacle – musical – d’Abdelwaheb Sefsaf et Jérôme Richer, il y a un constat implacable et désespérant. En 1989, partout dans le monde, dans un élan de fraternité, on fêtait la chute du mur de Berlin, ultime symbole de l’isolement communiste. Las, depuis, non seulement il ne s’est détruit aucun mur destiné à séparer les hommes dans un monde où les marchandises circulent sans difficulté, mais il s’en est construit beaucoup d’autres (le dernier en date étant “notre” œuvre puisque c’est le mur bâti à Calais pour empêcher les migrants de gagner l’Angleterre).
La vie et l’élan
Plutôt que de se lamenter sur ces clôtures, murailles, barbelés ou même champs de mines qui doublent de nombreuses frontières, le spectacle, soigneusement documenté, livre une foultitude d’histoires, drôles et touchantes, sur nombre de ces murs. Elles montrent la vie qui s’organise de part et d’autre, l’élan qui pousserait à les détruire mais aussi les raisonnements cyniques des nationalistes/populistes qui les promeuvent.
Sur scène, se succèdent documents cartographiés qui expliquent les origines de tel ou tel mur (dont évidemment le premier d’entre eux, la muraille de Chine), un des cinq acteurs sur scène endossant alors le rôle de conférencier, mais aussi des saynètes d’une irrésistible drôlerie, comme celles qui mettent en scène un couple mixte formé d’un musulman et d’une juive.
À ces séquences jouées s’ajoutent des parties chantées – diablement bien – entraînantes autant qu’émouvantes, qui prennent leur source aussi bien dans le rap que dans la pop ou encore la musique berbère.
Nous avons eu la chance de voir la première représentation du spectacle à Oyonnax. Il a été reçu avec un enthousiasme rare, particulièrement chez les plus jeunes. Comme si le message humaniste, transmis de cette façon intelligente et sans angélisme, ne pouvait que passer.