Anne Alvaro Femme non rééducable
© Jean-Louis Fernandez

Théâtre : Anna Politkovskaïa, la liberté et la mort

Anne Alvaro incarne Anna Politkovskaïa, cette “femme non rééducable” à laquelle le texte de Stefano Massini mis en scène par Arnaud Meunier rend hommage.

Femme non rééducable, de Stefano Massini, mise en scène Arnaud Meunier © Jean-Louis Fernandez

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Femme non rééducable – Mise en scène Arnaud Meunier.

La barbarie a ceci de terrifiant qu’elle peut surgir à peu près n’importe où. Même si on la voit aujourd’hui éclore du côté de minorités intégristes islamistes. La pièce de Stefano Massini Femme non rééducablemontre en tout cas, d’une façon implacable, qu’elle fut aussi l’apanage de l’armée russe lorsqu’elle occupait la Tchétchénie.

Avec son incroyable courage, Anna Politkovskaïa en témoigna dans ses écrits. C’est d’ailleurs de ses articles et de ses livres que s’est inspiré le jeune dramaturge italien pour composer son récit théâtral. Il nous confronte à cette femme extraordinaire dans son intimité quotidienne (livrée à elle-même dans la banalité d’une chambre d’hôtel ordinaire) ou lors des grands événements dont elle fut témoin (la prise d’otage d’enfants à Beslan) et même actrice (elle participa aux négociations lors de l’occupation du théâtre Doubrovka par des rebelles tchétchènes).

Alvaro, la voix d’Anna

Anne Alvaro (Anna Politkovskaïa) dans “Femme non rééducable” de Stefano Massini, mise en scène Arnaud Meunier © Jean-Louis Fernandez

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Anne Alvaro (Anna Politkovskaïa) dans “Femme non rééducable”.

Sur un tapis d’éclats de verre reconstitué sur le plateau, Anna Politkovskaïa s’interroge sur la violence du monde. Anne Alvaro donne sa voix si caractéristique à la journaliste. Elle répond aux questions d’un mystérieux interlocuteur incarné (là aussi de façon impeccable) par Régis Hoyer. Tandis que la partition musicale de Régis Huby, toujours discrète, accompagne cette plongée dans les dernières années d’Anna Politkovskaïa.

Dans un décor nocturne, les scènes d’horreur sont décrites sans que rien en soit édulcoré. On se retrouve abasourdi devant les comportements (encouragés par Vladimir Poutine) de l’armée russe. La principale occupation des soldats consistait à piller, tuer et violer les femmes des “terroristes”. Ils utilisaient notamment “le paquet cadeau”, une pratique qui consiste à entraver les prisonniers, à en faire des grappes humaines et à faire sauter celui d’entre eux placé au milieu, les habits préalablement bourrés d’explosifs… Terrifiant et bouleversant.

Femme non rééducable – Samedi 28 novembre à 20h30, au Toboggan (Décines).

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