Un meurtre, une sombre affaire d’escroquerie immobilière, et bien plus encore… C’est ce que décrit Tanguy Viel dans son formidable roman Article 353 du Code pénal. Dont Emmanuel Noblet propose une adaptation théâtrale aux Célestins, du 20 au 30 novembre.
Écrit dans une langue âpre et imagée, Article 353 du Code pénal, roman de Tanguy Viel paru aux éditions de Minuit en janvier 2017, nous emmène aux confins du Finistère. Une terre de vent et de roches battues par l’océan – rarement apaisé –, où débarque un promoteur immobilier mal intentionné. Pas de chance, il rencontre sur son chemin Martial Kermeur, un Breton taiseux qui a décidé de mettre fin à ses arnaques (dont il a été l’un des pigeons) de la façon la plus radicale possible. Il noie l’escroc dès les premières pages du roman… Et c’est donc devant un juge plein d’empathie et de bienveillance qu’on le retrouve. Martial entame alors une longue confession qui nous plonge au cœur de sa vie, de ses démêlés sentimentaux, de sa relation avec son fils, débordant d’un amour qu’il ne sait pas dire. On sort de ces pages bouleversantes à la fois lessivé et presque complice de l’assassinat qui a eu lieu… La forme particulière de ce polar de Brest, puisque l’on sait d’emblée qui est l’assassin, n’empêche pas, bien au contraire, une forme de suspense psychologique qui nous tient en haleine. À ce sujet, Tanguy Viel nous avait confié : “En décrivant la scène du meurtre au début, cela n’enlevait aucune tension, cela permettait au contraire de vivre une autre expérience pour le lecteur. Ce qui nous intéresse fondamentalement c’est le ‘comment’ des choses, leur déploiement dans l’espace et le temps. Le ‘quoi’ se résout en quelques lignes. Je tenais à l’exploration psychologique de mon personnage, de la rumination à laquelle il se livre face au sentiment d’avoir été floué.”
Ce sont ces enjeux, cette exploration psychologique que le metteur en scène Emmanuel Noblet, littéralement emballé par l’écriture de Tanguy Viel, aura à cœur de montrer dans son adaptation théâtrale du roman sur la petite scène des Célestins. On ne peut que lui faire confiance pour ce projet à la croisée de la littérature et du théâtre. D’abord parce qu’il confie le rôle de Martial Kermeur, le Breton assassin, à l’excellent Vincent Garanger. Que l’on a vu (toujours aux Célestins) impressionnant dans son rôle de vétéran raciste pour Welfare et singulièrement attachant en complice amical de Philippe Torreton dans Lazzi. Et ensuite parce qu’Emmanuel Noblet semble très à l’aise dans cet exercice qui consiste à porter sur scène un roman contemporain. En 2017, il a obtenu un molière et le prix Beaumarchais pour l’adaptation scénique qu’il a signée du roman de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants.
Article 353 du Code pénal – Du 20 au 30 novembre aux théâtre des Célestins