Événement de taille, l’un de nos plus brillants metteurs en scène, Thierry Jolivet, présente à partir du 23 février aux Célestins (où il est artiste associé) sa nouvelle création théâtrale et cinématographique.
Ce n’est pas un hasard si Thierry Jolivet a accédé, en 2019, au convoité statut d’artiste associé du théâtre des Célestins ; un statut qui lui permet, entre autres, d’y concevoir, répéter et présenter ses spectacles. Depuis 2010, année où il a fondé sa compagnie, La Meute, il s’efforce d’éclairer les zones troubles de notre humanité dans des spectacles de haute intensité.
Une maîtrise époustouflante des images vidéo et cinématographiques
Ainsi, à ses débuts, a-t-il magistralement porté à la scène des écrits de Dostoïevski (Le Grand Inquisiteur en 2011 et Les Carnets du sous-sol en 2012). Plus récemment, dans La Famille royale, une gigantesque fresque théâtrale inspirée du roman de William T. Vollmann, il montrait les bas-fonds de la société américaine. Ce fut l’un des plus beaux et des plus ambitieux spectacles à l’affiche des Célestins en 2017. Suivi, en 2019, par Vie de Joseph Roulin, une pièce inspirée par le livre éponyme de Pierre Michon sur l’amitié qui lia Vincent van Gogh au facteur Joseph Roulin, qui fut tout aussi impressionnante (lire ici notre critique).
Dans ses deux derniers spectacles, il a montré une maîtrise époustouflante des images vidéo, ou plutôt cinématographiques, projetées au fond de scène, afin d’accompagner la musique et le jeu des comédiens.
Précieux alliage
On retrouvera cet alliage, qu’il sait rendre précieux, entre théâtre et cinéma dans sa prochaine création théâtrale, Sommeil sans rêve. Un projet qui est né en février 2021 sur le grand plateau des Célestins, alors fermé en raison de la crise sanitaire. Il y avait réuni une dizaine d’acteurs et un vidéaste, pour soumettre ses intuitions et préoccupations du moment à un travail d’improvisation dirigée.
Un spectacle choral inspiré par des films tels Short Cuts ou Magnolia
Deux ans plus tard, après plusieurs longues périodes de travail et de tâtonnements, le spectacle a pris sa forme définitive. Comme toujours avec La Meute, le fond et la forme sont ambitieux. Conjuguant l’influence littéraire de Fedor Dostoïevski et David Foster Wallace à celle, cinématographique, de Robert Altman et Paul Thomas Anderson, ce n’est pas moins de douze histoires que veut nous raconter Thierry Jolivet. Au cours d’un spectacle choral inspiré par des films tels Short Cuts ou Magnolia qui ont tant marqué les années 90.
Sur le plan thématique, il entend “réunir l’ensemble des intrigues sous une même ombre : la présence de la mort, proche ou lointaine, tragique ou douce, banale ou extraordinaire, le sens particulier qu’elle donne à nos existences, l’énergie particulière que nous lui devons”. Nous serons emmenés, promet-il, “dans les coulisses d’un théâtre, un gymnase silencieux, les rues d’une métropole plongée dans la nuit, le pont d’un pétrolier en haute mer, le sommet d’une tour de verre et d’acier, une forêt obscure, une chambre d’enfant, l’habitacle d’une voiture lancée à 200 km/h contre la glissière d’un viaduc…”.
Autant de paysages où évolueront les douze personnages de ce nouveau spectacle, dont les destins sont reliés entre eux par un réseau de voies énigmatiques, des histoires de fantômes et d’êtres irréductiblement vivants.
Sommeil sans rêve – Du 23 février au 4 mars, aux Célestins - Théâtre de Lyon