Hasard de programmation, besoin de retrouver ses racines, actualité des œuvres, éclairage rétrospectif sur notre époque ? Il y a sans doute un peu de tout cela dans le fait qu’au théâtre de la Renaissance, notamment, on trouve cet automne nombre d’adaptations de grands romans du XIXe ou de pièces de dramaturges de cette époque (Labiche…) remises au goût du jour.
Au théâtre de la Renaissance, commence cette semaine une série XIXe, ou plutôt un feuilleton, puisqu’à cette époque les romans paraissaient souvent par extraits dans les journaux. C’est sans doute le cas d’une des œuvres emblématiques d’Honoré de Balzac, Eugénie Grandet, publiée en 1830, dont Camille de la Guillonnière propose une version théâtrale. L’occasion de retrouver sur les planches le personnage de Félix Grandet, un avare tout aussi fascinant que son ancêtre, l’Harpagon de Molière, auquel il doit d’ailleurs beaucoup, de l’aveu même de l’écrivain.
Cauchemars furieux et tire-larmes
C’est une vingtaine d’années après Grandet que furent créées les deux courtes pièces d’Eugène Labiche, La Fille bien gardée et Maman Sabouleux, qui sont regroupées par Jean Boillot dans un diptyque intitulé “La bonne éducation”. Deux cauchemars furieux, et férocement drôles, interprétés au rythme trépidant que nécessite le vaudeville.
Gérard Lecointe, le patron de la salle oullinoise, met lui-même la main à la pâte en adaptant et mettant en musique un autre roman phare du XIXe, paru en 1878 : Sans famille. Un tire-larmes qui nous colle aux basques de Rémi, vendu par ses parents adoptifs à un saltimbanque. La version théâtrale nous emmènera sur tous les chemins de France. Elle devrait encore humecter les yeux des plus petits, mais peut-être aussi ceux des plus grands.
Des camélias en janvier
Avec La Dame aux camélias, c’est au milieu du XIXe que l’on se retrouvera (la pièce fut créée en 1852), mais cette fois-ci au Radiant, en coprogrammation avec les Célestins. L’œuvre d’Alexandre Dumas fils est centrée sur une femme qui exerce la prostitution, mais dans la haute bourgeoisie. Dumas s’est inspiré de sa propre histoire d’amour avec une des prostituées les plus en vue de la vie parisienne de l’époque. Malade, celle-ci mourut jeune, emportée par la tuberculose (au XIXe, il n’était pas encore question de faire subir onze vaccins aux enfants), comme le personnage de la pièce. Arthur Nauzyciel, metteur en scène talentueux (on se souvient encore de sa version du Malade imaginaire), proposera une vision exigeante et sans pathos de cette passion malheureuse. On attend aussi beaucoup de la prestation de Marie-Sophie Ferdane, comédienne formée à l’Ensatt, dans le rôle-titre.