Alice Zeniter transpose au théâtre le roman de Jack London, Martin Eden, dans une version féministe et engagée.
Publié en 1909, Martin Eden, de Jack London, n’est pas seulement un roman d’apprentissage mais aussi un récit de désenchantement. Inspiré par le propre itinéraire dans l’existence de l’auteur, le livre raconte l’ascension sociale douloureuse, puis l’abandon fatal qui conclut cette ascension, d’un jeune homme pauvre, aveuglé par l’amour et les richesses dont il a toujours été privé.
C’est l’histoire d’un marin et aventurier qui rêve d’écrire un livre et de mener une existence bourgeoise. Il croit toucher son rêve du doigt mais l’envers du décor lui semble alors insupportable.
Le roman a connu plusieurs adaptations au cinéma mais c’est au théâtre qu’Alice Zeniter a décidé de le transposer. Ou disons plus exactement qu’elle a créé une version théâtrale féminine et contemporaine de l’œuvre de Jack London, qui a joué un rôle fondamental dans son aspiration à devenir écrivaine.
Elle met en scène Édène, une jeune femme noire qui veut écrire un chef-d’œuvre car la littérature l’enivre, et aussi pour conquérir Rose, jeune femme blanche et bourgeoise.
Édène veut écrire, mais pour vivre elle travaille dur à la blanchisserie de l’abattoir. Pourtant, malgré la fatigue, les dettes, les tendinites et le mépris des autres, elle écrit. Alice Zeniter (prix Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre, en 2017) interroge le défi que constitue un désir d’écriture lorsqu’il naît dans un milieu social où il n’est pas favorisé.
Le décor accentue ce postulat en matérialisant la blanchisserie bruyante qui broie les corps, l’appartement exigu où la vie domestique freine l’écriture…
Toujours engagée, Alice Zeniter propose une fresque féministe sur la violence de classe, les amours contrariées et l’ardeur inexplicable qui pousse à créer.
Édène – Du 10 au 13 décembre au théâtre de la Croix-Rousse