En ce début de mois de février, le théâtre de la Croix-Rousse met en avant la lutte contre les inégalités, celle des années 50 et 60 avec Noire, consacré à Claudette Colvin, et celle, actuelle, avec Radio Live.
Le 2 mars 1955, en Alabama, dans le bus de 14 h 30, Claudette Colvin refuse de céder son siège à une passagère blanche. Malgré les menaces, elle reste assise. Jetée en prison, elle décide de plaider non coupable et d’attaquer la Ville. Avant elle, personne n’avait osé. Ce jour marque le début d’un itinéraire qui mènera Claudette Colvin de la lutte à l’oubli.
"Vous êtes une femme donc moins qu’un homme et vous êtes noire, donc moins que rien”
Tania de Montaigne, écrivaine, chanteuse, journaliste (notamment sur France Inter), a consacré un livre, Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, à cette femme courageuse, aujourd’hui âgée de 82 ans.
Dans un spectacle immersif, mis en scène par Stéphane Foenkinos, elle fait entrer son auditoire dans la peau de son héroïne.
"Vous êtes une femme donc moins qu’un homme et vous êtes noire, donc moins que rien.” Cette adresse directe au public est doublée par des images d’archives projetées en fond de scène.
Autant d’éléments qui nous permettent d’appréhender l’atmosphère plombée de l’Amérique ségrégationniste des années 50-60. Mais aussi le destin singulier de Claudette Colvin, en quelque sorte dépassée par Rosa Parks, qui fit exactement le même geste qu’elle neuf mois plus tard, avec plus de retentissement.
On la suit dans son combat mais aussi dans son intimité d’adolescente, fille-mère à 15 ans et demi des suites d’une relation, selon ses termes, “non consentie” (son fils mourra à l’âge de 37 ans d’une overdose).
Un autre spectacle consacré à la lutte contre les inégalités succédera à Noire. Radio Live, conçu par les journalistes Aurélie Charon et Caroline Gillet, invite de jeunes activistes à se retrouver sur scène.
Soit quatre Libanais – une musulmane réfugiée palestinienne, une jeune sunnite militante, un musulman chiite queer et une chrétienne révolutionnaire – qui dialoguent en direct, comme lors d’une émission de radio. Identité, droits des minorités, liberté, nouveaux modes d’action sont leurs sujets de prédilection, comme pour mieux contrer l’idée d’une jeunesse qui serait résignée, passive.
À la parole brute, la mise en scène associe projections vidéo et musique live.
Noire – Du 2 au 5 février ; Radio Live – Du 8 au 10 février au théâtre de la Croix-Rousse, Lyon 4e
