Le Dom Juan mis en scène par Emmanuel Daumas, avec Laurent Lafitte dans le rôle-titre, fait étape aux Célestins. À voir absolument.
Formé à l’Ensatt (École nationale des arts et techniques du théâtre), Emmanuel Daumas est bien connu des amateurs de théâtre à Lyon. La plupart de ses mises en scène y ont été accueillies.
On ne peut ici les citer toutes mais sa version de La Tour de la défense de Copi (en 2005 au théâtre Les Ateliers) ou des Nègres (en 2011 aux Nuits de Fourvière) ont marqué les esprits.
Il y a chez lui un art de la vivacité mêlé à un goût de la provoc qui ne nous laissent jamais indifférents. On le retrouvera avec plaisir aux Célestins, d’autant que son dernier passage, lors de la création de Bug de Tracy Letts, avec Audrey Fleurot dans la distribution, avait été frustrant.
Dépouillement radical et sens du spectaculaire
À cause du Covid, la série de représentations avait été interrompue juste après le premier soir, et malheureusement sans date de report… Qu’importe, c’est avec un Dom Juan de belle facture qu’on le retrouvera dans le théâtre sang et or durant la deuxième quinzaine de mai.
Créé à la Comédie-Française en janvier 2022, à l’occasion des quatre cents ans de la naissance de Molière, sa mise en scène de Dom Juan tient le pari de marier dépouillement radical et sens du spectaculaire.
Maelstrom baroque
Emmanuel Daumas a voulu revenir au théâtre tel qu’il était populaire au Moyen Âge. Ainsi la scène principale est-elle conçue comme une sorte de grand ring fait de tréteaux, où s’affrontent les comédiens lors de duels acharnés.
Tout autour et même parmi le public, cinq comédiens et comédiennes se griment et s’attifent d’accessoires et perruques extravagants. Ils jouent tous les rôles de la pièce : jeunes et vieux, filles et garçons, spectres et statues, diables sur terre et en enfer…
Dans ce maelstrom baroque, Laurent Lafitte tient le rôle principal avec la volonté de mettre en exergue son aspect arrogant et joueur, défiant crânement toutes les limites que l’on voudrait imposer à sa vie. “Il se meut dans un monde de contes, de fantasmes et d’illusions”, affirme le metteur en scène.
Dom Juan – du 17 au 27 mai, aux Célestins