Le festival Sens Interdits est de retour du 14 au 28 octobre. Avec dix-huit spectacles internationaux venus d’Afrique (Cameroun, Mali, Rwanda) aussi bien que de Russie, de Palestine, d’Iran, du Liban ou d’ailleurs. Des pièces qui abordent des thèmes cruciaux tels la guerre, l’exil ou encore la résistance des femmes face aux violences. Autant de voyages théâtraux qui méritent le déplacement.
Il s’en est fallu de peu que la huitième édition de Sens Interdits soit annulé. Ce festival international, créé en 2009, qui programme essentiellement des spectacles venus de l’étranger, et parfois de très loin, fait en effet partie des événements que la Région Auvergne-Rhône-Alpes, sous la houlette de Laurent Wauquiez, a décidé de pénaliser.
Ainsi, pour cette manifestation dirigée par Patrick Penot, ce sont 50 000 euros en année impaire et 30 000 euros en année paire dont le festival devra désormais se passer. Heureusement, les trois partenaires publics de Sens Interdits (l’État, la Métropole et la Ville de Lyon) ont fait preuve de solidarité : une convention pluriannuelle a été signée actant une anticipation et une augmentation des aides.
Un bel esprit de résilience et de solidarité, partagé par les nombreux autres partenaires du festival, qui permettra à l’édition 2023 de proposer une affiche tout aussi passionnante que les années précédentes.
Enjeux partagés
Si les structures et institutions partenaires ont joué la carte de la solidarité, c’est qu’elles sont conscientes de l’importance qu’a pris cet événement théâtral international unique en France. Depuis près de quinze ans, ce sont désormais des dizaines de milliers de spectateurs (souvent jeunes mais pas que) qui se bousculent pour aller voir ces créations venues de loin, interprétées dans leur langue d’origine et surtitrées en français. Puis en débattent avec passion.
Depuis le début, à la vocation internationale s’est ajoutée une volonté de montrer le monde à travers ses failles les plus douloureuses. Sans volonté de plomber, puisque l’humour et l’émotion accompagnent toujours ces pièces témoignant des conflits, des violences, des destructions écologiques et des guerres dont regorge hélas notre planète. Par essence, le message théâtral, aussi sombre soit-il, est toujours porteur d’espoir.
Comme le montre la sélection qui accompagne cette présentation, plusieurs axes structurent cette édition. Cinq spectacles, dont certains proposés par des artistes déjà venus à Sens Interdits, nous amèneront au cœur de l’Afrique (Cameroun, Mali, Rwanda). La créolité sera aussi mise à l’honneur avec quatre créations venues de Guadeloupe, de Réunion et de Martinique. Et trois pièces seront consacrées à différents territoires palestiniens.
Enfin, un fil rouge relie différents spectacles à l’affiche, celui de la résistance des femmes face aux violences et discriminations qu’elles subissent partout.
Sélection
Nous ne sommes plus...
Comment fait-on rentrer toute sa vie, et trente-sept ans de travail d’un théâtre, dans une valise de vingt-trois kilos ? Que laisse-t-on derrière soi ? Qu’emporte-t-on quand on ferme définitivement la porte ? Que porte-t-on en nous, dans nos veines et nos gènes, de ce bagage légué par nos ancêtres et qui nous constitue ? Et comment repartir de zéro, trouver sa place mais garder sa voix, pour continuer à témoigner, et à résister, en exil ?
Il vous reste 64 % de l'article à lire.
Article réservé à nos abonnés.