Avec Je suis Fassbinder, Falk Richter et Stanislas Nordey livrent une autopsie de notre société, dans un va-et-vient entre l’Allemagne des années 1970 et notre Europe contemporaine. Au TNP à partir de mercredi.
Grand habitué du TNP, Stanislas Nordey y revient ce mois-ci pour présenter sa mise en scène d’une pièce de Falk Richter. Intitulée Je suis Fassbinder, l’œuvre du dramaturge allemand (contemporain) se penche aussi bien sur la vie que sur les textes et les films de Rainer Werner Fassbinder. En convoquant le cinéaste, mort en 1982 à l’âge de 37 ans, le texte se présente comme une véritable autopsie de notre société, dans un va-et-vient continu entre l’Allemagne des années 1970 et notre Europe contemporaine. Il pose aussi une question cruciale : Qu’a-t-on encore le droit de dire au théâtre ?
Collage subversif, amour impossible
Le point de départ de ce spectacle, qui utilise l’appoint d’images vidéo diffusées sur grand écran, est L’Allemagne en automne, un film collectif qui rassemble plusieurs courts-métrages parus en 1977. Où Fassbinder interroge sa mère, qui souhaite voir à la tête du pays un “Führer qui serait très bon, gentil et juste”. Un parallèle s’impose entre l’Allemagne des années 1970, qui doit faire face aux actions terroristes de la Fraction Armée Rouge (la bande à Baader), et notre société sous tension face à la menace islamiste. Le texte propose un collage subversif qui dénonce la montée en force des nationalismes dans une Europe de plus en plus divisée, l’individualisme forcené, la violence faite aux femmes, la progression des inégalités et, surtout, l’impossibilité de l’amour quand la peur domine nos relations aux autres. On retrouve dans la distribution, aux côtés de Stanislas Nordey, la délicieuse Judith Henry. Créé à Paris, le spectacle a d’ores et déjà été salué comme une réussite.