Si vous avez déjà vu “J’ai pris mon père sur mes épaules”, voici sept suggestions pour une nouvelle semaine dans les salles de spectacle du Grand Lyon. Une semaine qui commence comme une mélopée et s’achève en tango.
Reprise ensorcelante au TNG
Les amateurs de littérature l’ont certainement noté, Antoine Volodine vient de publier un nouveau roman, Frères sorcières. Nouveau, pas tout à fait, puisque l’écrivain avait confié ce texte, avant même sa publication, au metteur en scène et directeur du TNG. Un beau cadeau ! Que l’on peut expliquer par l’amitié artistique qui lie les deux hommes. Une amitié ancrée il y a maintenant plus d’une décennie. Haut et Court, la compagnie fondée par Joris Mathieu, avait en effet livré une superbe adaptation du roman de Volodine Des anges mineurs, au théâtre de Vénissieux, en janvier 2009. Un tournant dans le parcours de la troupe. À cette occasion, pour nous permettre de percevoir l’univers si particulier de l’écrivain, Joris Mathieu avait utilisé de nouveaux moyens d’expression scéniques, images en 3D, son retravaillé pour qu’il résonne au creux de l’oreille de chacun, décors numériques…
Toute une machinerie théâtrale que l’on retrouve dans Frères sorcières au service d’un imaginaire fascinant autant qu’inquiétant. Ce que décrit le nouvel opus transposé par Joris Mathieu sur les planches, c’est un monde post-apocalyptique, entre passé primitif et futur technologique, entre la vie et la mort, le rêve – ou le cauchemar – et la réalité… L’histoire est celle d’une âme errante qui habite successivement différents corps terrestres. Le spectacle fait défiler les tableaux (on pense aux dessins d’Enki Bilal), d’autant plus saisissants qu’ils sont accompagnés par la langue de Volodine, si présente à travers chacun des personnages. Le rythme est délibérément lent, ce qui permet aux images et au texte de créer une sorte de poème scénique, une mélopée ensorcelante.
Frères sorcières – Du 19 au 22 mars à 20h au TNG (Lyon 9e)
–> Bord de scène : rencontre avec l’équipe à l’issue de la représentation jeudi 21
Ivresse théâtrale à la Renaissance
L’Assommoir fait partie des grands récits de la fin du XIXe, un siècle incroyablement riche en productions romanesques. L’histoire, que Zola avait conçue avec son style parfois considéré comme ordurier à son époque, est connue. Elle relate la grandeur et la décadence de Gervaise Macquart, mère de deux enfants abandonnée par son mari, qui sombre dans l’alcoolisme et la prostitution. Pour sa libre adaptation à la scène, le jeune metteur en scène berlinois David Czesienski explore tous les thèmes du roman : la réussite et l’échec, l’amour et le mépris, la richesse et la pauvreté, l’alcool et la déchéance, la vie et la mort.
L’Assommoir – du 20 au 22 mars à 20h au théâtre de la Renaissance (Oullins)
–> Bord de scène avec l’équipe jeudi 21
La dernière création des Lumas aux Subs
De l’Ève à l’eau réunit deux complices de longue date : le metteur en scène Éric Massé et la comédienne (et auteure) Angélique Clairand, de la compagnie Les Lumas, duo plus connu des Lyonnais depuis qu’il a été nommé à la direction du théâtre du Point-du-Jour. Leur dernière création, De l’Ève à l’eau, est l’histoire d’Ève, une ancienne agricultrice perdue dans les prairies de sa mémoire. Pour communiquer avec sa fille, qui a renié son milieu d’origine, Ève utilise la langue rurale de son enfance, le “parlange”, qui résonnait de la Saintonge au Poitou… Ce spectacle est inspiré par la biographie des deux artistes, tous deux issus d’un milieu rural.
De l’Ève à l’eau – Vendredi 22 et samedi 23 mars à 20h30, dimanche 24 à 19h aux Subsistances
Bouleversante Sandrine à Vénissieux
Salué à sa création comme “une tranche de vie bouleversante”, Sandrine est une création du Théâtre Pôle Nord (de Saint-Sernin) conçue à partir d’un texte de Lise Maussion et Damien Mongin, qui se penche sur la destinée d’une trieuse de verre. La pièce dénonce la solitude contemporaine et ses répercussions dans notre société.
Sandrine – Vendredi 22 mars à 20h au théâtre de Vénissieux
–> Bord de scène avec l’équipe après le spectacle
L’orthographe en toute convivialité à Saint-Fons
Ce spectacle écrit et joué par Arnaud Hoedt et Jérôme Piron se penche sur le cauchemar de tous ceux qui doivent écrire un français compréhensible et sans faute, de l’écolier à l’écrivain, en passant par les journalistes ou ceux qui veulent envoyer des SMS irréprochables : l’orthographe. “Une soirée pour flinguer un dogme qui s’ignore”, annoncent les deux complices.
La Convivialité – Vendredi 22 mars à 20h30 au théâtre Jean-Marais (Saint-Fons)
Et un tango pour les services publics à l’Iris
Dans le cycle des conférences gesticulées initiées par Franck Lepage programmées au théâtre de l’Iris jusqu’au 30 mars, son complice Thierry Rouquet nous propose cette semaine une brève histoire du délabrement des services publics articulée autour de l’histoire de l’Argentine et du tango.