Répondant à l’invitation du Teatro di Napoli - Teatro Nazionale, Jean Bellorini, le patron du TNP, a créé sa mise en scène de Tartuffe à Naples avec une troupe italienne. Le spectacle est repris par le TNP jusqu’à dimanche. Courrez-y !
C’est dans une grande cuisine bourgeoise, celle d’une riche famille italienne, que se situe la version du Tartuffe imaginée par Jean Bellorini.
Excellente idée, d’abord le décor est superbe, d’une beauté sombre et implacable. Ensuite c’est le lieu idéal pour des discussions qui, bien qu’elles se déroulent en coulisses, ont une importance déterminante. Au fond de cette salle immense trône un christ vivant… en tenue disco, pantalon rose à paillettes et lunettes noires.
Symbole de l’inventivité de cette lecture qui respecte la profondeur et le comique des situations écrites par Molière mais se permet des clins d’œil d’une folle drôlerie.
Pour l’histoire, elle est d’autant plus connue que c’est le deuxième Tartuffe accueilli par le TNP cette saison, après la mise en scène signée par Macha Makeïeff en mars dernier, plutôt réussie.
On retrouve donc cette famille aisée dont l’existence est perturbée par un dévôt de la pire engeance. Sous couvert de religion, il entend faire main basse sur les biens de la famille. Mais aussi, et pourquoi pas puisque ce personnage est sans limite, séduire la femme du pater familias et se marier avec la fille !
Il conduit d’ailleurs si bien ses affaires, jouant de son incroyable pouvoir de séduction en même temps que de la peur qu’il inspire, qu’il n’est pas loin d’y parvenir…
Des acteurs et actrices bluffants
Sur cette trame que l’on retrouve avec un plaisir renouvelé, puisque dans cette mise en scène l’œuvre de Molière a été traduite du français à l’italien par Carlo Repetti (grande figure récemment disparue du théâtre transalpin). Ce qui renforce la vivacité et la musicalité des dialogues. D’autant que les surtitres, adroitement projetés sur un mur en fond de scène, nous permettent de ne rien perdre du jeu des comédiens.
L’interprétation est incontestablement la force de ce spectacle, les acteurs et actrices sont tous bluffants dans leur façon de se glisser dans la peau de leur personnage.
Méconnus en France, ce sont des stars de la scène transalpine. On comprend pourquoi ! Federice Vanni fait un Tartufo épatant de cynisme et de rouerie face à Gigio Alberti qui campe un Orgon irrésistible.
Tandis que la troupe féminine menée par Angela De Matteo (Dorine) et Francesca De Nicolais (Marianne) rivalise de charme et de séduction.
Bref, on ne s’ennuie pas une seconde avec ce Tartufo, du début jusqu’à la fin (que l’on ne racontera évidemment pas mais dont on peut dire qu’elle est d’une intelligence stupéfiante).
Il Tartufo, jusqu’au 15 mai au TNP, à 20 heures, sauf dimanche à 15 h 30, 8, place Lazare-Goujon. Villeurbanne. 04 78 03 30 00