La Réunification des deux Corées © Élisabeth Carecchio

Théâtre : Joël Pommerat, “réunifié” et incontournable aux Célestins

Désormais, que ce soit au TNP ou aux Célestins, il ne se passe pas une saison sans que l’on ne puisse apprécier un spectacle de Joël Pommerat. Nul ne s’en plaindra, tant ses mises en scène se révèlent toujours passionnantes et d’une qualité hors pair. On en aura une preuve supplémentaire avec La Réunification des deux Corées, bientôt à l’affiche des Célestins, un spectacle créé il y a onze ans où il est question d’amour, d’amitié, de couples, de solitudes et de parentalité.

Rendons à César ce qui est à César, c’est le TNP qui a été le premier à accueillir régulièrement Joël Pommerat sur son grand plateau. On y a vu par exemple Cendrillon en 2014, une splendide relecture du conte où la jeune héroïne fréquentait les soirées techno. Ça ira (1) Fin de Louis, en 2016, une plongée de 4 heures et demie “à l’intérieur d’une aventure politique humaine quasiment incroyable, miraculeuse”, celle de la Révolution française. Ou encore, en 2019, La Réunification des deux Corées. Un spectacle repris du 7 au 17 janvier par le théâtre des Célestins. Tout comme Cendrillon l’avait été la saison dernière. Parce que si Jean Bellorini, dès les débuts de son mandat à la direction du TNP, a tenu à faire de Joël Pommerat un “artiste complice” associé à l’institution villeurbannaise, cela s’est fait en bonne intelligence avec Les Célestins. Qui programment régulièrement celui qui revendique à la fois l’écriture et la mise en scène de ses créations théâtrales. Joël Pommerat se dit en effet “écrivain de spectacles”. Selon lui, il n’y a pas de hiérarchie : la mise en scène et le texte s’élaborent en même temps pendant les répétitions. Quoi qu’il en soit, ses spectacles font à tous les coups l’unanimité enthousiaste de la critique et du public. Aussi différents soient-ils les uns des autres.


L’étrangeté de notre quotidien

On aura donc un plaisir particulier à (re)découvrir La Réunification des deux Corées, aux Célestins, dans une nouvelle mise en scène, avec un décor ultra minimal et sur un plateau magnifié par le travail de lumière d’Éric Soyer (complice habituel de Pommerat). Avec ses acteurs et actrices fidèles qui forment une véritable troupe. Et quelques gimmicks récurrents dont il a le secret : une boule à facettes, une auto tamponneuse, de la musique pop. De surcroît, c’est sans doute le spectacle le plus ancré dans notre société occidentale actuelle (qui n’est pas celle de la Corée du Nord, ou du Sud, contrairement à ce que laisse entendre le titre). À travers une série de situations concrètes, Joël Pommerat met en jeu différentes relations. Il radiographie les passions de tous les temps selon les modalités de notre modernité, par échos, reprises et variations ouvertes à l’imagination. Qu’est-ce qui nous lie et qu’est-ce qui nous délie ? Qu’est-ce qui nous attache aux autres et au sentiment de notre propre existence ? Quelles idées, valeurs ou fantasmes donnent du sens aux liens que l’on crée ? Sur scène, les couples se divisent, des liens se font et se défont. Bergman, Schnitzler et Tchekhov sont mis à contribution et inspirent de courtes fictions qui puisent également dans les meilleurs ressorts d’un théâtre d’action psychologique. La Réunification des deux Corées nous plonge dans l’inquiétante étrangeté du quotidien et de nos sentiments.

La Réunification des deux Corées – Du 7 au 17 janvier aux Célestins

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