C’est sous le signe de l’engagement et de la solidarité que Joris Mathieu et son équipe, à la tête du TNG (Théâtre Nouvelle Génération), ont placé la programmation de leur nouvelle saison.
La programmation du TNG reprend nombre de créations annulées la saison dernière. Une façon de soutenir les artistes, de ne pas enterrer les spectacles déprogrammés.
Ainsi, outre la pièce de Jonathan Capdevielle, Rémi (les 8 et 11 décembre), inspirée du célèbre roman de Hector Malot, Sans Famille, Joris Mathieu reprendra sa propre création, En Marge !, dont la programmation, en pointillé, a été perturbée la saison dernière.
Le scénographe, Nicolas Boudier, s’est surpassé pour concevoir les décors et les lumières de cette dernière création théâtrale de Joris Mathieu.
Les premières images, comme celles qui suivront, frappent l’imaginaire. Lors de la première scène, nous sommes confrontés à un homme gisant au sol, terrassé par le mur d’écrans qui le surplombe.
Les extraits vidéo projetés montrent les différents présidents de la Ve République française dans l’exercice, si convenu, des vœux aux citoyens. Recouvrant petit à petit ses esprits, l’homme se lève, se lave les mains au gel hydroalcoolique (clin d’œil à la Covid-19 qui, déjà, obsédait les esprits) et s’adresse à tous.
Il nous invite à réfléchir sur l’inanité de notre existence, les probables catastrophes qui détruiront l’humanité. Conclusion : il vaut mieux en rire.
Puis, le mur, actionné par deux techniciens, pivote sur lui-même. Une autre réalité s’offre à nous, un nouvel espace mural, conçu comme un appartement ouvert à la vue de tous, où la couleur verte domine. Dans une des pièces, un homme plaque un pistolet sur sa tempe, se l’enfonce dans la bouche sans parvenir à tirer. Une femme, située dans une autre chambre, lui explique que ce n’est pas la solution… Le mur pivote à nouveau. Et l’on retrouve l’homme allongé du début, plus débraillé.
Le spectacle alterne ainsi deux points de vue que l’on peut relier, ou pas. L’envers et l’avers d’une même réflexion, ou pas. Difficile de résumer ce spectacle inspiré par la lecture du roman de Hermann Hesse, Le Loup des steppes. Il n’en offre pas une retranscription littérale mais en reprend le questionnement, sur la place de l’individu, du couple, dans un environnement dédié aux loisirs.
Le monologue de l’homme terrassé par les écrans est construit à partir de célèbres répliques de films tandis que les deux amants cherchent refuge dans l’amour. La pièce a l’art de nous intriguer sans donner de réponses aux multiples questions qu’elle suscite. Et de nous plonger intégralement dans un univers singulier et poétique, nourri de références musicales et visuelles. À voir ou revoir donc.
En Marge ! – Du 1er au 9 octobre au TNG.