Christiane Cohendy

Théâtre : l’art en conflit avec le pouvoir aux Célestins

La directrice des Célestins s’attaque à l’œuvre majeure de l’iconoclaste dramaturge anglais Howard Barker.

C’est à un sujet sulfureux que Claudia Stavisky s’attaque de nouveau avec Tableau d’une exécution, d’Howard Barker, un dramaturge anglais contemporain, tout aussi iconoclaste que Penelope Skinner dont elle avait monté l’an dernier En roue libre.

Un “bras de fer” entre l’art et le pouvoir

La pièce se déploie dans la Venise de la fin du XVIe siècle et son sujet est à la fois simple à énoncer et complexe dans les ramifications qu’il entraîne. La directrice des Célestins le résume ainsi : “Une femme peintre, prénommée Galactia, se voit commander un tableau monumental en commémoration de la bataille de Lépante. Mais, au lieu de glorifier la victoire chrétienne face à l’Islam, elle peint la vérité de la guerre, dans toute sa violence, son atrocité, sa morbidité. Bien sûr, le tableau heurte ses commanditaires. Galactia est alors entraînée dans un bras de fer où les impératifs de l’art s’opposent aux mécanismes du pouvoir.”

C’est toute la passionnante question des rapports de l’art et du pouvoir, de l’artiste et de son commanditaire, de la fonction de la représentation artistique, picturale aussi bien que théâtrale, que la metteure en scène tient à placer en avant.

L’entreprise est diablement ambitieuse puisque ce Tableau d’une exécution est écrit “dans une langue radicale et profondément poétique, dans une langue vive, mordante, qui dévoile des corps et des êtres d’une sensibilité à fleur de peau”. Et qu’elle se déploie en une vingtaine de tableaux qui restituent le parcours d’une femme à un moment clé de son existence.

Une troupe mêlant générations et tempéraments

Claudia Stavisky a tenu à confier ce rôle à Christiane Cohendy, comédienne d’expérience qui a joué avec les plus reconnus de nos metteurs en scène (Alain Françon, Jean-Pierre Vincent, Matthias Langhoff, Jorge Lavelli, Georges Lavaudant, Patrice Chéreau, Luc Bondy). Gageons qu’elle saura mettre son talent au service de ce personnage qui doit conjuguer maturité et sensualité.

Elle sera épaulée par une troupe mêlant générations et tempéraments, où l’on relève la présence de Simon Delétang (récemment promu à la tête du théâtre de Bussang), de l’énigmatique Geoffrey Carey et de l’irrésistible Valérie Crouzet.

Tableau d’une exécution – Du 15 novembre au 7 décembre à 20h (sauf dimanche 16h et relâche le lundi), au théâtre des Célestins.
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