Avant de devenir le directeur du festival des Nuits de Fourvière en 2003, Dominique Delorme était administrateur au TNP. Ce qui explique que les Nuits, tout en étant un festival interdisciplinaire, ont toujours eu une programmation théâtrale importante.
Avec la venue de grands metteurs en scène internationaux, tels Luca Ronconi ou Jorge Lavelli, ou français, tel Alain Françon (l’année dernière avec En attendant Godot), pour ne citer qu’un seul exemple.
Espérons que les nouveaux directeurs désignés pour prendre sa succession, Emmanuelle Durand et Vincent Anglade, au profil plus “musical”, sauront aussi nous offrir de beaux moments de scène. En attendant, savourons cette ultime page dédiée au théâtre (mais aussi au cirque, aux spectacles d’humour) proposée par Dominique Delorme.
Sorcières
C’est une adaptation musicale et théâtrale de l’essai de Mona Chollet, Sorcières, devenu une référence, pas seulement pour les plus engagées féministes. Une plongée dans un univers féminin particulier, celui des femmes sans enfant, qu’elles soient veuves, célibataires ou tout simplement âgées.
Le collectif À définir dans un futur proche donne corps à ces paroles hors norme. Grâce à une épatante distribution où l’on retrouve Ariane Ascaride, Clotilde Hesme ou encore P.R2B, soit Pauline Rambeau de Baralon, autrice-compositrice-interprète et réalisatrice française.
Du 15 au 17 juin au théâtre de la Croix-Rousse
Spectacles d’écoles, spectacles d’avenir…
Deux prestigieuses écoles artistiques bénéficient d’un partenariat avec les Nuits de Fourvière, le Centre national des arts du cirque, situé à Châlons-en-Champagne, et l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, bien connue des Lyonnais puisqu’elle est située sur les hauteurs de Saint-Just.
Avec les élèves issus de la 34e promo du CNAC, les Nuits proposent Balestra, un spectacle mis en scène par la fildefériste Marie Molliens où l’on verra les jeunes artistes participer à des tableaux vivants, acrobatiques, poétiques et, littéralement, enflammés.
Les 10 et 11 juin au parc de Parilly
Tandis que deux spectacles théâtraux mettront en avant les étudiants de la dernière promotion sortante de l’Ensatt, la 82e.
Ouverture Lyon/Johannesbourg (rassurez-vous c’est un titre provisoire) qui a débuté par une conversation entre la metteuse en scène Leyla-Claire Rabih et l’actrice et chanteuse MoMo Matsunyane. Sujets des débats : les conflits intimes et les guerres en Afrique du Sud.
Du 22 juin au 3 juillet à l’Ensatt
Et 4,7 % de liberté, concocté avec les metteurs en scène croix-roussiens de la compagnie la Cordonnerie, Samuel Hercule et Métilde Weyergans. Le fruit de trois ans de travail avec les élèves de l’Ensatt mené par le duo. C’est une fable moderne qui suit les destins de deux statisticiens empêtrés dans une démarche de rationalisation de la ville.
Du 24 juin au 5 juillet à l’Ensatt
No way, Veronica, ou nos gars ont la pêche
Gage de qualité, ce spectacle présenté par les Nuits de Fourvière sera ensuite accueilli au festival d’Avignon cet été. C’est une parodie drolatique du film d’horreur The Thing, de John Carpenter.
Neuf hommes sont réunis dans une base météorologique au beau milieu de l’océan Antarctique. Dans cet univers hostile, ils étudient le climat et vont bientôt devoir faire face à une invasion d’un nouveau genre : chez Carpenter, c’est un extraterrestre qui prend la forme d’un chien pour les détruire ; chez Armando Llamas (auteur de l’adaptation du film pour la scène), c’est Veronica, une vamp prête à tout pour les séduire.
La mise en scène et en son de Jean Boillot, entre théâtre et concert rock, sous couvert de parodie, nous parle de la guerre des sexes et de la peur des hommes face aux femmes.
Les 23 et 24 juin au théâtre de la Renaissance
Lorenzaccio
De la Comp. Marius, une troupe de comédiens flamands, on se souvient de cette Coupe Royale, que l’on avait bue jusqu’à la lie, en 2017, un montage-collage des dix drames royaux de Shakespeare, joué en plein air. Ou encore de L’Ami commun, en 2018, une jouissive adaptation théâtrale du roman policier de Charles Dickens, également jouée en plein air, au lycée Saint-Just.
C’est dans ce même lycée qu’on les retrouvera, avec tréteaux et costumes, pour la mise en scène d’une nouvelle pièce à glisser dans leur répertoire déjà étoffé : Lorenzaccio. Toujours en plein air, leur marque de fabrique, et toujours dans le cadre des Nuits de Fourvière.
Les Marius feront leur miel de cette histoire universelle, bien qu’elle se déroule à une époque et un endroit précis, la Florence du XVIe siècle. Ils incarneront les relations et les situations en jouant avec l’espace, le langage et une forte dose d’humour.
C’est avec délectation que l’on retrouvera la justesse de leur jeu brut, débarrassé de toute acrobatie formelle pour sonder la vérité des êtres. Et, comme toujours, leur soin tout particulier mis dans l’accueil du public.
Du 24 juin au 1er juillet au lycée Saint-Just
Mais aussi :
Très chère Florence Foresti
62 euros la place. Il vous faudra avoir les moyens pour aller voir Florence Foresti dans le grand théâtre de Fourvière !
Elle y revient avec son nouveau seule en scène Boys Boys Boys. Dans lequel elle partage ses amours, ses envies et ses contrariétés de presque quinquagénaire. Rien de neuf en ce qui concerne ce nouveau spectacle, si ce n’est qu’il est un peu plus sobre que certains des précédents. Ce qui n’est pas un exploit.
Du 25 au 30 juin au grand théâtre de Fourvière
Nuits de Fourvière du 31 mai au 28 juillet