Le Porteur d’histoire, d’Alexis Michalik, dans sa version lyonnaise © Genaro Studio
Le Porteur d’histoire, d’Alexis Michalik, dans sa version lyonnaise © Genaro Studio

Théâtre : Le Porteur de Michalik, un conte bien réglé !

Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik – deux fois récompensé aux Molières – aime tellement la scène de la Comédie-Odéon qu’il y reviendra en avril ! Il n’est pas trop tard pour entrer dans sa folle sarabande.

Auteur, comédien, metteur en scène et réalisateur (son premier long-métrage, Edmond, vient de sortir), Alexis Michalik est un phénomène. À 35 ans, il collectionne les molières et autres récompenses professionnelles comme Roger Federer les coupes des tournois les plus prestigieux. Il a raflé celui du Metteur en scène d’un spectacle de théâtre privé (en 2014) et deux molières de l’Auteur francophone vivant, pour Le Porteur d’histoire (la même année) et pour Le Cercle des illusionnistes (en 2017). C’est le premier, qui a tourné un peu partout dans le monde, qui est joué jusqu’à début février à la Comédie-Odéon, avec une distribution lyonnaise.

Pour expliquer son succès phénoménal, Alexis Michalik évoque la façon dont la pièce fait littéralement retomber le spectateur en enfance. Ce moment où l’on est friand d’histoires extraordinaires, de contes merveilleux que l’on écoute bouche bée, sans en perdre une miette. Comme on est au théâtre, ce plaisir d’entendre se déployer une histoire se double de celui de voir ses personnages s’incarner. C’est ce qu’il se passe avec la version “lyonnaise” du Porteur d’histoire.

Sur une scène nue – afin de laisser la plus grande place à l’imaginaire – deux femmes, la mère et la fille, discutent. Quand débarque un jeune homme, un peu perdu. Il commence à raconter son histoire. Et on le retrouve, sous les traits d’un autre acteur, costumé différemment, dans les Ardennes, par une nuit pluvieuse. Après diverses péripéties, le voilà dans un cimetière sinistre où une tombe qu’il déplace pour enterrer son père laisse échapper de vieux carnets manuscrits. Il en ouvre un et nous changeons non seulement de lieu mais aussi d’époque ! Nous voilà dans une calèche, au début du XIXe, en compagnie d’un certain Alexandre Dumas et d’une mystérieuse jeune fille. Une nouvelle histoire débute. Qui débouchera sur une autre ou rejoindra la précédente… Ainsi progresse la pièce, conçue à la façon de poupées russes s’emboîtant à l’infini. Une construction virtuose : l’attention du spectateur n’est jamais perdue en route. On pense à un autre conteur de la scène théâtrale actuelle : Wajdi Mouawad.

On est littéralement captivé par ce feuilleton théâtral qui rebondit de siècle en siècle, de continent en continent. De surcroît, la fin – que l’on ne dévoilera pas ! – est à la hauteur du suspense savamment entretenu. Sur les planches de la Comédie-Odéon, Khalida Azaom, Bruno Fontaine, Yvan Lecomte, Michael Maino et Lison Pennec s’emparent avec une belle énergie des nombreux personnages. Que l’on retrouve ou découvre selon les rebondissements, qui se multiplient. L’accueil triomphal de la première lyonnaise était amplement mérité.


Alexis Michalik / Le Porteur d’histoire – Jusqu’au 2 février à la Comédie-Odéon, du mardi au samedi à 19h / Reprise du 2 avril au 4 mai, mêmes jours même horaire

[Article publié dans Lyon Capitale n°782 – Novembre 2018]

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