Avant de lever le voile sur la nouvelle programmation du TNP et la première saison sous la direction de Jean Bellorini qui devrait ne comporter ni reports ni annulations, ce dernier avait tenu à rappeler l’action spécifique menée par l’institution villeurbannaise.
Depuis l’été 2021, le TNP accueille et aide une troupe constituée de neuf jeunes filles afghanes et leur metteur en scène Naim Karimi*, l’Afghan Girls Theater Group, réfugiés en France depuis que les Talibans ont pris le pouvoir à Kaboul et que leur vie y est en danger.
Un spectacle verra-t-il le jour avec ces courageuses jeunes femmes exilées ? On ne peut que le souhaiter… “Parce qu’une guerre ne chasse pas l’autre, et que le sort des Ukrainiens ne doit pas faire oublier ce que subissent les Afghans”, a justement rappelé le patron du TNP. Même si celui-ci a dû faire une croix sur 150 000 euros dans son budget annuel (qui était de 500 000 euros au total) alloué par la Région, Jean Bellorini n’a pas renoncé à un projet ambitieux. “Avec huit créations, nous revenons à la mission première d’un théâtre qui lèvera le rideau plus de 200 fois la prochaine saison”, se réjouit-il.
Premier spectacle à l’affiche, La Cerisaie (du 6 au 16 septembre). Avec une mise en scène de Tiago Rodrigues, qui a créé l’événement lors du festival d’Avignon 2021 (dont le même Tiago Rodrigues est désormais directeur, depuis qu’il a pris la succession d’Olivier Py).
“Avec huit créations, nous revenons à la mission première d’un théâtre qui lèvera le rideau plus de deux cents fois la prochaine saison” Jean Bellorini
On y retrouve ce qui fait la patte du metteur en scène portugais : une direction d’acteurs incroyablement précise. Ainsi qu’une nouvelle traduction de la partition tchekhovienne, du russe au français, cosignée par Françoise Morvan et André Markowicz, qui montre mieux encore la capacité du dramaturge russe à entrer dans l’intimité profonde de ses personnages. De surcroît, parmi la distribution nombreuse du spectacle, qui mélange talents et générations (de Grégoire Monsaingeon à Marcel Bozonnet), une certaine Isabelle Huppert incarne Lioubov, une créature insaisissable et lunaire, propriétaire d’un domaine familial qui doit être vendu pour rembourser les dettes qui s’accumulent. Nul doute que la grande salle du TNP sera remplie tous les soirs où la pièce sera programmée.
Autre grand texte à l’affiche du TNP, cette fois en novembre, avec également un comédien de légende, Le Roi Lear. C’est en effet Jacques Weber qui incarne le rôle-titre dans cette version de la tragédie shakespearienne dirigée par quelqu’un qui est loin, lui aussi, d’être un débutant : Georges Lavaudant. Ce dernier jouit d’une parfaite connaissance de ce texte, puisqu’il l’a déjà monté en 1996 à l’Odéon.
Et pour finir avec les grands textes du répertoire prévus au TNP, signalons L’Avare, interprété et mis en scène par Jérôme Deschamps, ainsi que La Douleur. Le texte de Marguerite Duras sera interprété par Dominique Blanc dans la mise en scène que Patrice Chéreau avait conçue. Elle sera ressuscitée, au moindre détail près, par Thierry Thieû Niang, chorégraphe et toujours artiste associé au TNP.
* Également photographe, Naim Karimi propose au TNP, jusqu’au 3 décembre 2022, une exposition sur son pays. En sillonnant les rues et les marchés, il a saisi des portraits sobres, empreints d’attention et de pudeur.