Innocence 4
© Laurent Nicolas

Théâtre : les Célestins mettent le cap au nÖjd

nÖjd, c’est une jeune compagnie qui a gagné les galons d’une vraie reconnaissance grâce à un théâtre bourré d’énergie et une prédilection pour les textes iconoclastes. Ils viennent aux Célestins plaider leur Innocence, un texte de Howard Barker.

Innocence, de Howard Barker, par la Cie nÖjd © Laurent Nicolas

© Laurent Nicolas

En 2007, la réussite de La Musica deuxième, une version déglinguée de l’œuvre de Marguerite Duras mettant l’accent sur un aspect inattendu, son humour, avait attiré notre attention sur cette troupe lyonnaise au nom étrangement scandinave. nÖjd “est un personnage secondaire d’une pièce de Strindberg, Père, qui nous a séduits par sa capacité à influencer l’action en restant en dehors”, nous avaient alors expliqué Guillaume Bailliart et Aurélie Pitrat, deux comédiens qui forment avec Mélanie Bestel, Pierre-Jean Étienne et l’administratrice Émilie Leloup le cœur de cette association d’acteurs fondée en 2006.

Le jeu au cœur des projets

“Il nous fallait une structure administrative qui concrétise notre envie de travailler ensemble et nous permette de faire les démarches nécessaires pour nous professionnaliser davantage, arrêter de tout faire avec des bouts de ficelle. Nous nous sommes connus dans le cadre du compagnonnage mené par Sylvie Mongin-Algan [codirectrice du NTH8] et nous avons ensuite fondé l’Olympique Pandémonium, troupe qui a éclaté. Chacun menait de son côté son parcours de comédien, avait poursuivi Guillaume Bailliart. J’ai travaillé avec Michel Raskine, Gwenaël Morin, d’autres avec Claire Rengade, le TG Stan par exemple. Nous sommes toujours restés en contact et, lorsque l’on a décidé de former nÖjd, avec à la clé un projet de résidence à l’Élysée*, nous avons décidé de faire ce que l’on maîtrise à peu près : jouer, placer le jeu, le travail du comédien au centre de nos projets. C’est un outil de recherche qui nous donne la direction vers laquelle tendre.”

La princesse de Gombrowicz au TNP

Cet axe essentiel les amène à fonctionner avec des hiérarchies ponctuelles et des collaborations extérieures nombreuses. On le vit avec leur deuxième spectacle, Les Chevaliers, écrit et mis en scène par Guillaume Bailliart, avec une importante distribution. Cette pièce en armures, sans queue ni tête mais irrésistiblement drôle, acheva de convaincre le TNP et d’autres scènes prestigieuses d’accueillir les excités du nÖjd pour un projet ambitieux. Ce fut la mise en scène d’Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz, un défi qu’ils relevèrent haut la main avec une lecture audacieuse de la pièce, une manière de bordel organisé et une interprétation à la limite de l’hystérie.

Et Marie-Antoinette aux Célestins

Innocence, de Howard Barker, par la Cie nÖjd © Laurent Nicolas

© Laurent Nicolas

Cette passionnante trajectoire, unique dans son succès, ne semble pas vouloir s’arrêter de sitôt puisque c’est maintenant l’équipe des Célestins qui a décidé de les accueillir. Une invitation partagée avec rien moins que Howard Barker, un des plus grands dramaturges anglais contemporains. C’est en effet avec lui, et le grand acteur irlandais Gerrard McArthur, qu’ils mettront en scène Innocence, une œuvre de Barker qui s’inspire de l’histoire tragique de Marie-Antoinette et de son fils. Cette enviable collaboration permettra à nÖjd d’approfondir encore son travail sur le corps et la voix.

* Petite salle du 7e arrondissement de Lyon qui a pour volonté d’aider et découvrir les jeunes talents.

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Innocence. Du 21 janvier au 1er février, à 20h30 (relâche dim. et lundi), aux Célestins, 4 rue Charles-Dullin, Lyon 2e.
> Le 4 février, au théâtre Jean-Vilar, 12 rue de la République, Bourgoin-Jallieu.
> Et les 25 et 26 février, au théâtre de Villefranche, place des Arts.

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Cet article est extrait du supplément Culture janvier-juin 2014 de Lyon Capitale.

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