Orlando Py
© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Théâtre : les racines de Py

Olivier Py reprend cette semaine au TNP Orlando ou l’Impatience, la pièce qui a marqué sa deuxième année à la tête du festival d’Avignon.

Orlando est une pièce méta-théâtrale, c’est-à-dire une pièce de théâtre qui parle du théâtre.” Ainsi Olivier Py qualifie-t-il l’œuvre qu’il a écrite et mise en scène lors du dernier festival d’Avignon. Rien d’étonnant à cette inspiration, Olivier Py n’ayant cessé de consacrer sa vie au théâtre, hors quelques infidélités opératiques – mais l’opéra est-il autre chose que du théâtre chanté ?

Engagé

Après des études conjuguant théologie, philosophie et art dramatique, il s’est retrouvé jeune à la tête d’institutions théâtrales prestigieuses. D’abord le centre dramatique d’Orléans (1997) puis le théâtre de l’Odéon à Paris (2007), avant d’être nommé à la tête du festival d’Avignon en 2013. Habile négociateur, Py remet les grands textes au centre de la programmation. Sans cesser d’affirmer un aspect de sa personnalité, l’engagement, que l’on avait déjà vu à l’œuvre durant le drame bosniaque lorsqu’il fit avec Ariane Mnouchkhine et François Tanguy une grève de la faim de vingt-huit jours pour fustiger l’inaction des chancelleries occidentales.

Metteur en scène de Paul Claudel (sa version intégrale du Soulier de satin a été encensée) et catholique ardent, Py remet en cause l’attitude bornée de son Église face à la loi sur le mariage pour tous, publiant dans Le Monde une tribune intitulée “Intolérable intolérance sexuelle de l’Église”. Et il déclare lors de l’entre-deux tours des élections municipales d’Avignon, alors que s’est qualifié le candidat FN : “Je n’envisage que deux solutions possibles : soit je démissionne et on nomme un nouveau directeur, soit on délocalise le festival dans une autre ville.”

Des Vainqueurs à l’Impatience

À Lyon, on se souvient de cet incroyable morceau de théâtre qu’il avait créé au TNP, Les Vainqueurs, une fresque théâtrale de plus de 9 heures ! Mais aussi, pour les plus anciens, d’une de ses toutes premières pièces, Théâtres, remarquablement mise en scène par Michel Raskine à la fin du siècle dernier. Olivier Py s’y penchait déjà sur les questions d’identité et la figure d’un père souvent absent. On retrouvera ce questionnement dans Orlando ou l’Impatience. Ainsi que le savant mélange qu’opère son écriture entre poétique et politique, lyrisme flamboyant et dérision joyeuse.

Orlando ou l’Impatience – Du 24 mars au 2 avril à 19h30 (sauf dim. 16h et relâche lundi), au TNP, Villeurbanne.
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