Laurent Mauvignier est l’un des plus passionnants romanciers contemporains. Il écrit aussi pour le théâtre, avec le même talent. La preuve ce mois-ci aux Célestins avec deux spectacles, L’Orage et Tout mon amour.
Laurent Mauvignier est l’un de nos plus grands écrivains contemporains, si l’on en croit la force et le succès rencontrés par ses livres. Parmi ceux-ci, nous pourrions citer, entre autres, Loin d’eux, Apprendre à finir, Dans la foule, Des hommes (adapté au cinéma par Lucas Belvaux)… Sans oublier le dernier, Histoires de la nuit, un ample récit, sombre et fascinant, aux allures de fait divers rural. De surcroît, son écriture a cette souplesse qui lui permet de s’adapter parfaitement au théâtre. Nous en avions eu la preuve la saison dernière avec l’intelligente mise en scène de Michel Raskine d’un de ses textes, Ce que j’appelle oubli, qui revenait sur le décès d’un jeune homme tabassé à mort par quatre vigiles après avoir bu une canette de bière dans un grand magasin.
Anne Brochet et Philippe Torreton
C’était au théâtre des Célestins ; où on le retrouvera à deux reprises en ce mois de mars. Il est l’auteur de Tout mon amour, un texte mis en scène par Arnaud Meunier, l’actuel directeur de la MC2 Grenoble, à l’affiche du théâtre sang et or du 29 mars au 7 avril. Dans la distribution de la pièce, aux côtés des jeunes comédiens Romain Fauroux et Ambre Febvre (issus de l’école de la Comédie de Saint-Étienne), Anne Brochet et Philippe Torreton. Nul doute qu’ils sauront donner vie et consistance à l’histoire racontée par Mauvignier. Celle d’un homme (Philippe Torreton) qui est de retour avec sa femme (Anne Brochet) dans sa maison d’enfance, à l’occasion des obsèques de son père. Rien d’extraordinaire dans tout cela, si le fantôme du défunt ne revenait régler quelques comptes et si une mystérieuse inconnue de seize ans ne faisait, elle aussi, son apparition… Pièce sur la famille, l’absence, le possible dépassement de la douleur, le spectacle a été salué par la façon dont il montre, sans jamais verser dans le pathos ou la démonstration psychologique, la réalité du deuil et des pertes d’équilibre qui l’accompagnent.
L’Orage, mis en scène par Denis Podalydès
C’est une tout autre ambiance qui caractérise la pièce en cinq actes d’un des grands maîtres du théâtre russe, Alexandre Ostrovski, L’Orage ; que l’on pourra découvrir auparavant aux Célestins, du 8 au 18 mars. Laurent Mauvignier a ainsi réalisé l’adaptation du texte pour la scène française. Nous sommes à Kalinov, un coin de Russie loin de l’effervescence artistique et intellectuelle de Moscou. Le conservatisme domine, bien que la pièce ait été transposée dans les années 90, de même que la rigidité des rapports sociaux, le poids de la religion, l’inculture et l’alcool. Katerina, l’épouse d’un mari effacé, tombe amoureuse de Boris, qui devient son amant. La voilà prise au piège de ses peurs et de ses désirs, sommée de choisir… “La beauté de cette pièce tient à la vie, la vie même qui éclaire et tourmente tous les personnages, qu’ils soient du côté de l’inertie, du relatif ou de la liberté, de l’absolu”, affirme Denis Podalydès qui signe une mise en scène remarquée de l’œuvre.
L’Orage – Du 8 au 18 mars ; Tout mon amour – Du 29 mars au 7 avril, au théâtre des Célestins