La nouvelle production de Claudia Stavisky est une pièce peu montée de Corneille, La Place Royale. Première ce jeudi au théâtre des Célestins.
C’est un choix étonnant que propose Claudia Stavisky pour sa nouvelle mise en scène. Après avoir porté à la scène des auteurs contemporains anglophones (Tableau d’une exécution du Britannique Howard Barker en 2016, Rabbit Hole de l’Américain David Lindsay-Abaire en 2017), elle revient à un auteur classique, Pierre Corneille. Mais par un chemin inattendu, puisque c’est celui de la comédie que prend la directrice des Célestins pour se pencher sur l’auteur du Cid et de Médée, davantage réputé comme auteur de tragédies. De plus, c’est un choix original, puisque c’est sur une œuvre de jeunesse remaniée dans sa maturité par Corneille, La Place Royale ou L’amoureux extravagant, qu’elle a jeté son dévolu. Une œuvre longtemps oubliée, peu jouée, entrée au répertoire de la Comédie-Française seulement en 2013, grâce à la mise en scène d’Anne-Laure Liégeois.
Comédie de la jeunesse
La pièce décrit les amours complexes de jeunes gens bien élevés qui se côtoient place Royale (le nom que portait au XVIIe l’actuelle place des Vosges). L’intrigue relève donc plus du marivaudage que du dilemme cornélien. Quoique… On y croise en effet un jeune amoureux, autant épris de la jeune fille qu’il a séduite (et qui l’a séduit) que de sa liberté, placée sur un piédestal. Il bâtit donc un stratagème pour que sa jeune amante tombe dans les bras de l’un de ses meilleurs amis (ravi de l’aubaine) et que lui-même soit ainsi dégagé de toute obligation vis-à-vis d’elle... Derrière les jeux de l’amour et du libertinage, Corneille, en bon tragédien, avance des questionnements profonds, existentiels même. Afin de les dévoiler sur les planches, Claudia Stavisky a opté dans sa distribution pour la jeunesse plutôt que pour des têtes d’affiche (comme Julie Gayet dans Rabbit Hole). La fraîcheur, le naturel de la troupe devraient donner toute sa saveur à cette comédie cornélienne.