CRITIQUE – La première représentation des Affaires sont les affaires, au théâtre des Célestins, a déçu. Mais le spectacle méritait une seconde chance.
“Pièce décevante”, “manque d’audace et de subtilité”... C’est ce que l’on pouvait lire dans Le Progrès sous la plume d’Antonio Mafra, au lendemain de la première représentation des Affaires sont les affaires. Et Nadja Pobel, dans Le Petit Bulletin, n’était guère plus tendre avec la mise en scène de Claudia Stavisky, évoquant une “fâcheuse impression d’être revenu des décennies en arrière et d’assister à une séquence d’Au théâtre ce soir”. C’est donc en traînant quelque peu les pieds que nous nous sommes rendus aux Célestins, une quinzaine de jours après cette volée de bois vert. Notre sentiment n’a pas du tout été le même.
Sans doute les acteurs avaient-ils eu l’occasion de mieux se régler – même si la distribution reste inégale – et que la mise en scène avait gagné en fluidité. Tout d’abord, le texte de Mirbeau, même s’il date de plus d’un siècle, est écrit dans une langue pleine de verve et d’intelligence psychologique. L’humour y est cruel, épinglant sans pitié le héros, Isidore Lechat, un brasseur d’affaires assez proche de ceux que l’on a vus défrayer la chronique ces dernières décennies, tels Silvio Berlusconi ou Bernard Tapie. Menant à la baguette aussi bien ses relations familiales que professionnelles, il est interprété avec une maestria remarquable par François Marthouret.
Malgré quelques clins d’œil inutiles, la mise en scène met habilement en exergue l’actualité de l’œuvre. Le soir où nous y étions, une bonne partie du public était debout.